Ce volume de 312 pages présente une conception nouvelle de la finance, du système d'argent, qui libérerait définitivement la société des problèmes purement financiers. L'auteur, Louis Even, y expose les grandes lignes des propositions du Crédit Social, conçues par l'ingénieur écossais Clifford Hugh Douglas.
Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d'être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu'à l'économique. Nous croyons même, avec Douglas — à qui le monde doit cette lumineuse doctrine — qu'un redressement économique, dans le sens du Crédit Social, est impossible sans un redressement préalable d'ordre politique.
Dans ce volume, cependant, sauf quelques réflexions incidentes aux répercussions sur la politique d'un système financier détraqué et dominateur, nous avons borné notre étude aux objectifs économiques et aux propositions monétaires du Crédit Social.
Le titre du livre — Sous le signe de l'abondance — exprime assez bien qu'il s'agit d'une économie d'abondance, de l'accès rendu facile aux immenses possibilités de la production moderne.
L'économie ancienne pouvait être « sous le signe de l'or » ou de quelque autre objet rare lorsque la production elle-même faisait souvent défaut. Mais c'est méconnaître le progrès et outrager la logique que vouloir conserver un instrument lié à la rareté pour conférer des titres à une production motorisé.
Dans la première partie de ce volume, on rappelle des notions essentielles et très simples, que tout le monde admet sans peine, mais qui sont presque totalement ignorées dans l'organisme économique actuel. Les fins ne commandent plus les moyens. Une brève étude du système monétaire démontre que l'argent régit là où il devrait servir. On présente comme remède les propositions du Crédit Social, dont on expose les grandes lignes, sans entrer dans les méthodes d'application. Le problème, croyons-nous, n'est pas tant de développer une technique de fonctionnement que de faire accepter des propositions qui semblent à la fois trop simples et trop audacieuses aux esprits habitués à perdre de vue les fins et à s'enliser dans la complexité des moyens. Aussi, nombre de chapitres se présentent-ils surtout comme un plaidoyer de justification de la doctrine créditiste.
La deuxième partie reproduit, sans enchaînement nécessaire entre eux, certains discours et articles de nature à jeter de la lumière sur divers aspects du Crédit Social. Outre les production de l'auteur lui-même, on trouvera dans cette partie quelques contributions de Maître J.-Ernest Grégoire, avocat, de Mlle Gilberte Côté (depuis Mme Gilberte Côté-Mercier) et de M. Edmond Major.
En offrant ce libre au public, nous avons surtout en vue le lecteur moyen. Même en traitant de sujets spécifiques, nous évitons autant que possible les termes techniques, plus aptes à fatiguer qu'à éclairer. Nous avons visé à écrire de façon à être facilement compris par le grand nombre : c'est d'ailleurs dans l'esprit d'une économie d'abondance au service de tous et de chacun.
Montréal, 1er mai 1946.
LOUIS EVEN
La cinquième édition de juin 2008 porte à 28 000 le nombre total d'exemplaires tirés du livre « Sous le Signe de l'Abondance ». Dans la quatrième édition de 1988, les chiffres ont été adaptés pour 1988, et quelques articles de Louis Even et d'autres auteurs ont été ajouté dans la deuxième partie, portant sur divers aspects du Crédit Social, ainsi que des appendices et une brève biographie de Louis Even. Une édition en langue anglaise (In This Age of Plenty), avec davantage de chapitres (une quinzaine de plus que l'édition en français de 1988), est parue en 1996. C'est l'équivalent de cette version que l'on trouve dans l'édition de 2008 en langue française, qui est aussi en ligne sur ce site.
En 1993, Mgr Zbigniew Jozef Kraszewski (décédé le 4 avril 2004), alors vicaire général du diocèse de Varsovie-Prague, en Pologne, et évêque auxiliaire de Varsovie de 1970 à 1992, publiait la version en langue polonaise du livre Sous le signe de l'Abondance de Louis Even, qu'il a présentée lui-même au Pape Jean-Paul II. Voici la préface que Mgr Kraszewski écrivait pour ce livre :
« Ce que les catholiques ont appris dans la doctrine sociale de l'Eglise est la voie entre le capitalisme et le socialisme. Depuis plusieurs années cette doctrine est propagée au Canada comme la théorie du Crédit Social. Le livre de Louis Even, Sous le Signe de l'abondance, que je présente aux lecteurs polonais, est un exposé de la doctrine sociale catholique qui n'est pas seulement pour les Canadiens. Ce livre contient beaucoup de matières instructives pour toute personne qui lit et qui est ouverte aux problèmes sociaux. Ce livre n'est pas écrit seulement pour les grands théoriciens et les universitaires, mais pour tout le monde. C'est pour cela qu'il est précieux pour les Polonais, surtout à l'époque du deuxième miracle de la Vistule que nous vivons présentement (la chute du communisme).
« La Pologne a réussi miraculeusement à gagner sa liberté et sa souveraineté. Après la dévastation du communisme qui nous a tenus captifs pendant tant d'années, nous avons le devoir de choisir le bon chemin de la justice sociale basée sur la doctrine catholique. Je pense que ce livre aidera en grande partie à réaliser cela. Je mets les lecteurs sous la protection de Notre-Dame Victorieuse qui règne dans la co-cathédrale de Kamionku de Varsovie. »
Mgr Edward M. Frankowski, évêque auxiliaire de Sandomierz en Pologne, est responsable, parmi les évêques polonais, de la doctrine sociale de l'Eglise. Voici l'avant-propos qu'il a écrit pour les trois brochures de Louis Even sur le Crédit Social :
La collection Autour du Crédit Social rencontre un plus grand intérêt alors que la scène politique et économique de notre pays s'assombrit davantage. Sur les ruines du communisme, occupées par les gens place lors de l'écroulement du système, se superpose une vague toute aussi destructive de postmodernisme provenant de l'Ouest, le capitalisme sauvage qui vole le peuple, et veut s'accaparer sans scrupule du pouvoir et de l'argent, non pas pour la nation, mais pour quelques-uns. L'Etat s'abaisse davantage, et les puissances d'argent internationales deviennent plus fortes. Par conséquent, le pouvoir de l'Etat diminue continuellement au profit des forces du marché...
On pourrait dire que notre nation est devenue semblable au « gigantesque développement de la parabole biblique du riche qui festoie et du pauvre Lazare. L'ampleur du phénomène met en cause les structures et les mécanismes financiers, monétaires, productifs et commerciaux qui, appuyés sur des pressions politiques diverses, régissent l'économie mondiale : ils s'avèrent incapables de résorber les injustices héritées du passé et de faire face aux défis urgents et aux exigences éthiques du présent. » (Jean-Paul II, Redemptor Hominis, n. 16.)
On devrait promouvoir le développement d'un monde meilleur pour la vie publique de notre pays par l'introduction de principes chrétiens, surtout dans le domaine économique. L'argent n'est pas le seul problème, mais c'est le plus urgent à régler, parce que les autres problèmes sont causés par l'argent. Les banquiers, qui ont le pouvoir de créer l'argent ; sont les dépositaires et gérants du capital financier, et gouvernent le crédit et l'administre à leur gré. Ils veulent nous mener au point où, pendant la moitié de l'année, nous vivons de ce crédit, et l'autre moitié, travaillons pour les taxes.
« Par là, ils distribuent en quelque sorte le sang à l'organisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains si bien que sans leur consentement nul ne peut plus respirer. » (Pie XI, Encyclique Quadragesimo Anno, n. 106.) « L'Etat… est tombé au rang d'esclave et devenu le docile instrument de toutes les passions et de toutes les ambitions de l'intérêt. » (Quadragesimo Anno, n. 109.)
Le pouvoir de l'argent ou, en d'autres mots, le pouvoir des financiers internationaux, repose dans l'ignorance du peuple. Les financiers perdront leur pouvoir seulement lorsque le peuple découvrira leur escroquerie. L'Etat retrouvera alors sa force, et toute la société deviendra aussi plus forte. La force politique provient de la force publique. L'application de l'esprit chrétien dans la politique est donc la mission la plus importante et la plus urgente de l'histoire polonaise.
Une réforme économique pourrait être appliquée, spécialement par l'application du système de Crédit Social, qui est en accord avec la doctrine sociale de l'Eglise catholique. Il semble donc que les propositions financières du Crédit Social ne sont pas seulement dignes d'être considérées par les plus hautes autorités économiques et politiques, mais aussi par la vaste multitude du public, afin d'appliquer ces principes dans notre vie économique et politique. Ces principes nous permettront de comprendre et d'élucider au plus haut point la situation dans laquelle nous nous trouvons présentement, et nous apporteront des solutions en accord avec la doctrine sociale de l'Eglise catholique.
J'exprime ma reconnaissance et mes remerciements aux membres de la rédaction du journal Vers Demain, ainsi qu'aux auteurs et la maison d'édition de la collection Autour de la doctrine du Crédit Social, pour tout cela. Ce journal et cette collection n'ont pas seulement une valeur scientifique, mais aussi une valeur de vulgarisation, pour rendre ces idées accessibles à la population. C'est ce qu'est la présente œuvre de Louis Even, « L'escroquerie mondiale et le moyen de s'en sortir ». A tous les éditeurs, rédacteurs et lecteurs de Vers Demain, je vous bénis de tout mon cœur !
Mgr Edward M. Frankowski