Page 82 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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12. Le prix de la grande folie
Payer le progrès aux trafiquants de dollars
Faire payer le progrès par ceux qui l’ont accompli
Acceptation aveugle du truc financier
On dit des fous qu’ils n’ont pas conscience du réel. Qu’ils vivent
dans la lune. Qu’ils s’évadent dans des rêves et prennent ces rêves
pour des réalités. Ils en tirent des joies ou des colères. Mais, de
toute façon, qu’ils soient internés ou non, on ne les tient pas res-
ponsables de leurs actes et l’on se garde bien de leur confier des
fonctions où leur comportement pourrait nuire à d’autres.
Folie de grande classe
Eh bien, il y a des gens qui occupent des positions de respon-
sabilité, qui n’admettront jamais être atteints du moindre degré
de folie et qui pourtant, en maintes occasions, raisonnent et tirent
des conclusions sans rapport avec le réel, en pleine contradiction
avec des réalités qui s’étalent devant leurs yeux. Surtout en matière
d’économie politique.
Ce genre de folie semble même se développer dans les pays
évolués à mesure que la population s’imagine croître en civilisation,
à mesure qu’on s’y enorgueillit davantage de progrès matériels. On
y perd le sens du réel et l’on n’y revient bien que si des circons-
tances éloignent de la civilisation, ou bien si des fléaux majeurs
s’abattent sur ces pays.
En veut-on des exemples ? Des hommes qui se trouvent isolés
dans un désert ou dans quelque autre région aride vont immédiate-
ment se mettre en quête de baies, de racines pour passer leur faim,
ou de quelque trace d’eau pour ne pas périr de déshydratation. Ils
pensent et agissent en termes de réel.
Au contraire, au sein de la civilisation offrant l’abondance de
toutes sortes, dans une ville où les magasins regorgent de pro-
duits, les hommes pensent et se comportent en termes d’argent;
et si l’argent leur fait défaut, ils se condamnent à crever de faim en
face de l’abondance. De l’abondance qui est pourtant une belle et
bien visible réalité.
De même, un pays en pleine paix, riche de production natu-
relle, actuelle ou potentielle, soumet ses activités productrices et le
niveau de vie de ses habitants aux pulsations d’un crédit financier
qui peut lui être accordé ou refusé, prodigué ou rationné, non pas