Page 86 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
P. 86
84 12. Le prix de la grande folie
De l’argent qu’elles ont dû emprunter, et c’est pour cela qu’elles
sont endettées et doivent maintenant payer’.
Voyons un peu. Qu’est-ce qu’on fait avec cet argent, vieux ou
nouveau, taxé ou emprunté? On mobilise du travail et des maté-
riaux; on met en œuvre la capacité de produire du pays, capacité
qui existe déjà, puisqu’on peut l’utiliser. Quel est en tout cela le rôle
de l’argent ? C’est un rôle de permis.
Et c’est rien que cela, l’argent. L’argent ne crée rien, absolu-
ment rien. Il n’est qu’un permis de mettre en mouvement ce qui
existe déjà. Et si un pays, possédant tout ce qu’il faut pour produire
les choses dont il a besoin, ne les produit pas, s’il reste en panne
sous prétexte qu’il manque de permis, c’est une autre grande dé-
monstration de folie.
Comme ces permis sont valables sur tout ce qui existe dans
le pays en fait de moyens de production: génie, main-d’œuvre,
matériaux, transports; l’émission et la dispensation de ces permis
ne pourraient, ne devraient légitimement relever que de la nation
elle-même.
Non pas de particuliers qui en font un trafic pour s’enrichir et
pour se donner un pouvoir de contrôle sur toute la capacité de
production, la paralysant ou la ralentissant, ou conditionnant ses
objectifs et son exercice.
Par quel tour de magie a-t-on réussi à faire croire à un pays
capable, par exemple, de construire 50 milles de route, qu’il ne
devra en construire que 25, n’aura de permis que pour ces 25 et en
outre, sera endetté envers les dispensateurs des permis pour toute
la valeur de construction de ces 25 milles, avec de l’intérêt en plus ?
Comment peut-on faire admettre, par des gouvernements, et
justifier par des journalistes, un resserrement du crédit financier,
des permis donc, alors qu’il n’y a aucun resserrement de la capacité
de produire et qu’il y a encore des demandes à satisfaire?
On pourrait poser cent autres questions du genre, démontrant
à l’évidence que le système financier qui nous régit est pourri. Qu’il
empoisonne la vie économique. Qu’il empoisonne les administra-
teurs publics. Qu’il empoisonne l’enseignement et les plumes des
journalistes. Qu’il empoisonne les relations entre les hommes. Et
qu’il fait tous les taxés que nous sommes payer pour ce poison.