Page 78 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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76 11. Automation grandissante
de «l’embauchage intégral», lui chercher d’autre ouvrage pour rem-
placer celui dont elle est libérée? — Non, n’est-ce pas. Ni l’un ni
l’autre ne peut être sot à ce point!
Pourquoi l’entrée de l’automation dans l’industrie n’est-elle pas
reçue avec la même joie, avec les mêmes marques de reconnais-
sance que l’automation du lavage chez madame Laflamme?
Pourquoi? — Parce que le bon sens a encore sa place dans
l’économie domestique, dans ce qui regarde les affaires de la mai-
son; tandis que dans l’économie politique, dans ce qui regarde les
affaires économiques de la société, c’est la sottise qui domine de
plus en plus.
Système financier archaïque
Oh! J’entends bien l’objection, on me dit: «Madame Laflamme
peut bien se réjouir. Les appareils automatiques la soulagent et lui
donnent des heures libres, mais ne la punissent pas. Tandis que
l’automation punit ceux à qui elle donne congé. Pour les employés
que l’automation remplace ce n’est pas un beau congé, c’est un
congédiement. C’est le chômage avec la perte de salaire. Avec quoi
vont-ils acheter du pain pour eux et pour leurs familles?»
C’est justement là que se manifeste la sottise du système. Les
machines, l’automation, suppriment de l’emploi, tout en produisant
autant ou même davantage. Et, on continue quand même à exiger
que les hommes soient employés pour avoir droit aux produits.
C’est cette exigence-là, ce règlement-là, qui est en contradic-
tion avec le progrès. D’un côté, par le progrès, on cherche à don-
ner du temps libre aux hommes. D’un autre côté, en même temps,
on veut que les hommes soient embauchés pour avoir de l’argent.
Donc pour pouvoir vivre, car il faut payer les produits qu’on ne fait
pas soi-même.
Argent en rapport avec les produits
Que les produits soient faits par des hommes ou par des ma-
chines automatiques, ils sont là. Et ces produits sont faits pour sa-
tisfaire à des besoins. Il faut donc qu’ils aillent aux besoins. Si l’on
veut que les produits atteignent leur fin, que les produits soient
distribués, il faut donc distribuer de l’argent en rapport avec l’exis-
tence des produits, et non pas seulement en rapport avec l’exis-
tence de l’emploi.