Page 189 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
P. 189
30. Mort aux taxes 187
il ne saurait être question de permis, puisque chacun n’aurait accès
qu’à ce qu’il ferait lui-même.
C’est la société qui doit émettre l’argent et non pas
un organisme privé tel que le système bancaire
La vie en société existe. Le progrès est transmis, grossi d’une
génération à l’autre. Mais quel individu ou quelle institution privée
peut s’arroger le droit d’émettre des titres au travail et aux produits
de n’importe qui? Disposer de permis qu’on possède est tout à fait
légitime mais en créer de nouveaux, les émettre et les conditionner,
ne peut bien être que fonction de la société elle-même, par un or-
ganisme attitré à cette fin et soumis à l’objectif social pour lequel il
est établi. Un peu comme ce qui existe dans l’exercice de la justice.
Qui est-ce qui songerait à faire de la justice une fonction privée?
Tout pays civilisé possède un organisme judiciaire. Les juges
sont nommés par les gouvernements, mais ils jugent indépendam-
ment des gouvernements, Ils jugent d’après les lois du pays, des
lois qui ne sont pas faites par les juges eux-mêmes, et d’après des
faits que les juges n’ont pas eux-mêmes ni posés, ni inventés.
Ainsi devrait être le système monétaire. Au lieu de juges, mettez
des comptables, puisqu’il s’agit d’opérations comptables. Au lieu
d’infractions ou de crimes, ce serait les faits économiques de la
production et de la consommation, qui sont l’œuvre, non pas de
ces comptables, mais de producteurs et de consommateurs libres.
Au lieu de témoignages pour déterminer la sentence du magistrat,
ce serait des additions, des soustractions, des règles de trois, pour
régulariser sainement la circulation du crédit financier, son entrée
dans le circuit économique au rythme de la production, et son re-
tour vers sa source au rythme de la consommation.
C’est un tel système que signifierait la mise en application des
propositions financières du Crédit Social, énoncées par l’ingénieur
écossais Clifford Douglas, il y a déjà un demi-siècle. Crédit «social»
parce qu’il mettrait le crédit réel de la société au service de la socié-
té et de tous ses membres. Au lieu du crédit bancaire, qui est une
mainmise sur le crédit de la société.
La libre circulation du crédit pour la production, tant publique
que privée, supprimerait tout problème purement financier. Et le
retour du crédit réglé d’après la consommation totale, publique
ou privée, permettrait de supprimer le système actuel de taxation,