Page 188 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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186     30. Mort aux taxes

        financées par ces mêmes contrôleurs du crédit. Est-ce que le nom-
        bre de ces victimes n’égale pas des centaines de fois le nombre
        des victimes de crimes qui ont valu la prison ou l’échafaud à leurs
        auteurs?  Et pourtant, quel contrôleur du crédit n’a jamais été arrêté?
        C’est, au contraire, devant ces maîtres, que les ministres qui nous
        gouvernent se présentent chapeau bas, pour quêter la permission
        de répondre au moins partiellement aux besoins de la population,
        moyennant endettement à perpétuité.
           Ainsi présentée, dit monsieur Dubois, la situation est certaine-
        ment monstrueuse. On a commencé par parler de taxes et voilà
        que vous venez de dire beaucoup d’autres choses, d’aller beau-
        coup plus loin.
           Tout cela se tient, monsieur, fruits mauvais d’un système per-
        verti.  Mais système qu’il serait relativement aisé d’assainir sans
        bouleverser les mécanismes financiers existants. Simplement en
        changeant la politique de ces mécanismes.
             Le crédit financier, essentiellement un permis

           On l’a dit, le crédit financier,  comme n’importe quelle  forme
        d’argent, consiste essentiellement en permis pour mettre en œuvre
        la production et pour distribuer les produits. Permis qui peuvent
        très bien, et très commodément être exprimés en simples chiffres
        légalisés transférables comme ceux qui sont dans les comptes des
        banques.
           Mais ces permis n’ont de valeur que s’ils correspondent à une
        capacité de production existante. Sans cela, tout l’argent, tous les
        permis ne feraient rien produire et n’obtiendraient rien. Et si la ca-
        pacité de production existe, à qui revient la fonction de délivrer les
        permis pour la mettre en mouvement?  Légitimement, seule la so-
        ciété peut le faire, pour plus d’une raison.  D’abord, parce que c’est
        la vie en société qui est le grand facteur de l’abondante production
        de nos pays évolués.
           Si les hommes devaient vivre isolément  les uns des autres,
        la somme de leurs efforts séparés ne fournirait qu’un mince filet
        de production.  Sans la vie en société, il n’y aurait eu ni commu-
        nication ni transmission des progrès réalisés par n’importe quel
        isolé dans ses moyens de production; pas d’outils perfectionnés,
        encore moins de machines, pas de division du travail.  D’ailleurs,
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