Page 192 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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                             Mort aux taxes

                            - Troisième partie -
                        Prix comptable et coût réel

           Il y a deux choses qui grossissent toujours, à la grande désolation
        de tout le monde: ce sont les prix et les taxes.  Deux choses dont je
        vais parler dans ce quart d’heure, en les considérant à la lumière du
        Crédit Social. C’est-à-dire en rapport avec la réalité des choses.
           D’abord les prix. Il faut faire une différence entre ce que les pro-
        duits coûtent en argent, ce qui est leur prix comptable; et ce qu’ils
        coûtent en choses, le seul véritable prix.
           Le prix comptable, c’est la somme de tout ce qui est déboursé
        en argent ou en crédit financier au cours de la production: salaires,
        quote-part  des frais généraux,  frais de premier établissement  et
        frais d’entretien; profits qui sont pour l’entrepreneur et ses bailleurs
        de fonds, ce que sont les salaires pour les employés, etc.  Pour
        qu’une entreprise puisse tenir, il faut qu’elle récupère au moins tout
        ce prix de revient.
           Le prix de revient est un prix comptable.  Mais le coût réel, c’est
        autre chose.  Le coût réel de la production, c’est tout ce qu’il a fallu
        consommer pour la réaliser.
           Ainsi, une table, quel que soit son coût financier, a réellement
        coûté le bois qu’il a fallu sacrifier pour la construire, le travail relatif
        à la préparation de ce bois et à la construction de la table, la force
        motrice, l’usure de la machinerie utilisée, les énergies du fabricant,
        la nourriture et autres choses qu’il lui a fallu pour entretenir ses for-
        ces, etc. Il n’y a pas nécessairement, et sans doute jamais, égalité
        entre le prix de revient financier et le coût réel.
           Par exemple, si l’ébéniste qui a fabriqué la table a reçu $30 de
        salaire, ces $30 entrent dans le prix de revient.  Mais s’il ne dépense
        que les deux tiers de ce salaire, il n’a consommé, en ce qui le concer-
        ne, que pour $20 de produits ou de services.  La production de la
        table aura donc absorbé, rien que sur ce point, pour $10 de moins de
        choses qu’il en figure dans le coût financier.  Le contraire peut aussi
        arriver. Par exemple, si, au cours de la fabrication, l’ouvrier subit un
        accident exigeant beaucoup de soins et de remèdes.
           Il est évidemment impossible de savoir exactement le coût réel,
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