Page 184 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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182 30. Mort aux taxes
que le gouvernement a financé la guerre sans attendre des taxes.
Mais, est-ce qu’il n’a pas taxé après cela pour tout ce que la guerre
coûtait, pendant la guerre même ou depuis?
Il l’a fait oui, monsieur Dubois, mais pourquoi? Tout a bien com-
mencé sans taxes et ça marchait. La guerre se faisait. On la gagnait
même. Pas avec des taxes, mais avec des soldats et des munitions.
Quand même le gouvernement n’aurait jamais taxé par la suite, les
hommes et les munitions avaient très bien fait l’ouvrage.
Je ne comprends pas cela aussi bien, dit monsieur Dubois. Peut-
être était-ce une exception bonne rien que pour la guerre?
Allons donc, monsieur, cela se fait régulièrement à cœur d’an-
née. Croyez-vous que le gouvernement attend la rentrée des taxes
pour bouger? Tous les jeudis, par exemple, le gouvernement d’Ot-
tawa met en vente aux enchères, à l’encan, des morceaux de pa-
pier appelés obligations, pour le montant de plus de 100 millions
de dollars par semaine.
Les banques créent l’argent de rien
Les banques achètent ces papiers en dessous du prix coûtant
afin de faire des profits lorsqu’elles les revendront à l’échéance,
généralement dans les trois mois. Pour payer ces obligations, les
banques inscrivent simplement des crédits, toujours d’un trait de
plume, au compte du gouvernement. C’est avec ces crédits-là que
le gouvernement administre et paie ses travaux. Pas avec les taxes
qui ne sont pas encore rentrées.
Mais les taxes qui rentrent doivent servir à racheter les obliga-
tions acquises par les banquiers, pense monsieur Dubois.
Oui, mais l’administration et les travaux n’attendent pas ces ren-
trées de taxes. Ils sont payés par l’argent créé par les banques. Si
les taxes étaient supprimées, les travaux se feraient d’ailleurs exac-
tement de la même manière, avec des hommes, des machines, des
choses; le tout étant financé à mesure par de l’argent nouveau,
argent créé dans le système bancaire.
Mais les banques continueraient-elles à inscrire ces crédits nou-
veaux si elles n’étaient pas sûres de pouvoir revendre les obliga-
tions au gouvernement, contre de l’argent que le gouvernement
obtient en taxant les citoyens?