Page 193 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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30. Mort aux taxes      191

        ainsi défini, de chaque article de production. Mais il est facile de
        savoir quel a été, durant une période donnée, disons une année, le
        coût réel de toute la production du pays. Ce coût réel, c’est le prix
        total de la consommation de ce pays pendant cette même période.
        Ou comme l’a dit Douglas, l’auteur du Crédit Social:«Le coût réel de
        la production, c’est le coût de la consommation».

           Si dans une année toute la production, production privée et pro-
        duction publique, a été de 15 milliards et si, dans ce même pays pen-
        dant la même année, la consommation de toutes sortes, matériaux,
        produits finis, distribution, dépréciation, exportation, a été de 10 mil-
        liards; il faut conclure qu’il en a coûté réellement 10 milliards pour
        produire ce que la comptabilité des prix avait établi à 15 milliards.

           La comptabilité des prix est pourtant exacte. La somme des prix
        comptables de la production est bien 15 milliards. Mais en toute
        justice, on ne peut pas faire payer à la population plus que le prix
        de ce qu’elle consomme. Donc, globalement, 10 milliards, pas plus.
        C’est là le «juste» prix. Il faudra donc effectuer une opération d’ajus-
        tement des prix.

           Ce n’est pas seulement une question de justice.  C’est aussi faire
        de la finance ce qu’elle doit être: le reflet exact des faits économi-
        ques, tant de la production que de la consommation.  Si la pro-
        duction totale a été de 15 milliards, le crédit financier libéré pour la
        réaliser devait bien être de 15 milliards. Mais si la consommation
        totale n’est que de 10 milliards, le crédit total retiré de la circulation
        ne doit être que de 10 milliards.
           Un système financier assoupli se plie à ces opérations de compta-
        bilité, pour servir au lieu de paralyser ou de ralentir l’économie. Il s’y
        prête sans nuire à aucun intérêt privé, parce que tout en décrétant
        un abaissement des prix à payer par les consommateurs, il prendra à
        même le fonds de crédit communautaire ce qu’il faut pour compen-
        ser au vendeur ce que cet abaissement de prix lui fait perdre.
           Le côté producteur retrouvera  donc le prix comptable auquel il
        a droit, puisque c’est la somme de dépenses qu’il a faites au cours
        de la production.  Justice de part et d’autre.

           Une simple règle de trois, basée sur les statistiques de la pro-
        duction et de la consommation, indiquera quel escompte doit être
        accordé sur les prix marqués comptables, pour les abaisser au coût
        réel à payer par les consommateurs.
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