Page 187 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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30. Mort aux taxes      185

                          Mort aux taxes

                          — Deuxième partie —
           Dans la précédente causerie, on a dit comment un certain mon-
        sieur Dubois, questionnant un créditiste de son village, s’est fait
        expliquer où l’argent nouveau prend sa source. À la banque, cha-
        que fois qu’un banquier inscrit au compte du gouvernement ou de
        gros emprunteurs des montants que ces emprunteurs n’ont point
        déposés.  Crédit nouveau qui ne diminue rien dans aucun autre
        compte. La plume du banquier crée l’argent tandis que la plume du
        gouvernement signe des dettes envers le banquier. Une révélation
        pour monsieur Dubois. Visiblement impressionné, il s’exclame:

           Ce  que vous me  dites là  est frappant,  renversant.  Et  si vous
        n’avez rien exagéré, je trouve que c’est là un grand désordre.
           A mon sens, répond son ami, c’est le plus grand désordre de
        nos structures économiques, une source de maux sociaux injusti-
        fiés, pervertissant l’ordre politique, en faisant des gouvernements
        les valets d’intérêts privés, selon l’expression de Pie XI. Je n’ai rien
        exagéré et je dirai même que c’est un désordre criminel, dont ne
        peuvent être innocentés ceux qui le maintiennent, ou qui le sou-
        tiennent, ou qui le protègent contre les dénonciations, ou qui l’ap-
        prouvent implicitement par leur silence conscient.

            Système financier injuste qui affame les peuples
           Ce système n’est pas seulement une cause d’injustice, il empoi-
        sonne, il affame, il tue véritablement.  C’est lui qui a fait souffrir
        sans justification des centaines de millions d’individus, comme l’a
        visiblement attesté  la grande  crise d’avant-guerre  alors que des
        personnes et  des familles durent,  par simple manque  d’argent,
        manquer  du nécessaire  devant  une  capacité  de  production qui
        n’avait souffert d’aucune cause naturelle.
           Refuser ou restreindre le crédit pour la production de vie, et le
        libérer en abondance pour les œuvres de guerre, c’est un crime qui
        dépasse tous les crimes mis ensemble des voleurs, des incendiai-
        res, des assassins, jetés en prison ou condamnés à mort par nos
        cours de justice.  Comptez, en effet, si vous le pouvez, le nombre
        de personnes que ce système a livrées à la faim, aux maladies, à
        la ruine, à des morts précoces, jusqu’à ce qu’il jette des millions
        d’hommes les uns contre les autres, dans des tueries grassement
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