Page 187 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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Mort aux taxes
— Deuxième partie —
Dans la précédente causerie, on a dit comment un certain mon-
sieur Dubois, questionnant un créditiste de son village, s’est fait
expliquer où l’argent nouveau prend sa source. À la banque, cha-
que fois qu’un banquier inscrit au compte du gouvernement ou de
gros emprunteurs des montants que ces emprunteurs n’ont point
déposés. Crédit nouveau qui ne diminue rien dans aucun autre
compte. La plume du banquier crée l’argent tandis que la plume du
gouvernement signe des dettes envers le banquier. Une révélation
pour monsieur Dubois. Visiblement impressionné, il s’exclame:
Ce que vous me dites là est frappant, renversant. Et si vous
n’avez rien exagéré, je trouve que c’est là un grand désordre.
A mon sens, répond son ami, c’est le plus grand désordre de
nos structures économiques, une source de maux sociaux injusti-
fiés, pervertissant l’ordre politique, en faisant des gouvernements
les valets d’intérêts privés, selon l’expression de Pie XI. Je n’ai rien
exagéré et je dirai même que c’est un désordre criminel, dont ne
peuvent être innocentés ceux qui le maintiennent, ou qui le sou-
tiennent, ou qui le protègent contre les dénonciations, ou qui l’ap-
prouvent implicitement par leur silence conscient.
Système financier injuste qui affame les peuples
Ce système n’est pas seulement une cause d’injustice, il empoi-
sonne, il affame, il tue véritablement. C’est lui qui a fait souffrir
sans justification des centaines de millions d’individus, comme l’a
visiblement attesté la grande crise d’avant-guerre alors que des
personnes et des familles durent, par simple manque d’argent,
manquer du nécessaire devant une capacité de production qui
n’avait souffert d’aucune cause naturelle.
Refuser ou restreindre le crédit pour la production de vie, et le
libérer en abondance pour les œuvres de guerre, c’est un crime qui
dépasse tous les crimes mis ensemble des voleurs, des incendiai-
res, des assassins, jetés en prison ou condamnés à mort par nos
cours de justice. Comptez, en effet, si vous le pouvez, le nombre
de personnes que ce système a livrées à la faim, aux maladies, à
la ruine, à des morts précoces, jusqu’à ce qu’il jette des millions
d’hommes les uns contre les autres, dans des tueries grassement