Page 281 - Sous le Signe de l'Abondance
P. 281

Le Crédit Social et la doctrine catholique  2 1

            Réponse: L’Etat ne fabriquera pas la monnaie et le crédit selon
        son bon plaisir mais bien selon les exigences manifestées par les
        statistiques de la production, laquelle est intimement liée au tra-
        vail des citoyens. Que quelques-uns essaient encore de chômer,
        cela arrivera sans doute; seulement, il ne faudrait pas croire que
        le dividende pourra toujours faire vivre son homme. S’il peut ar-
        river, au début, wue, pour combler le fossé entre la production et
        la consommation, le dividende soit assez fort, il lui faudra pour se
        maintenir une augmentation continuelle de production due à une
        augmentation équivalente de travail.
            Les Créditistes ne devraient pas cependant trop appuyer sur le
        dividende, principalement sur le dividende basiue permanent qui
        n’est pas essentiel au système; mais le principe lui-même ne peut
        être condamné.
            Troisième objection: Le dividende, et même l’escompte, dit-on,
        prive l’ouvrier de son salaire et le producteur de son profit.
            Réponse: Cela serait vrai, peut-être, dans une certaine mesure
        et toujours d’une façon indirecte, si de fait il n’y avait pas d’écart
        entre la production et la consommation. Mais le système du Cré-
        dit Social est basé précisément sur cet écart: question purement
        économique  et  technique.  De  ce  fait,  le  système  ne  saurait  être
        condamné  au  nom  de  la  doctrine  sociale  de  l’Eglise.  D’ailleurs,
        il semble que vraiment un écart existe entre le coût de certaines
        productions,  chasse,  pêche,  richesse  du  sol,  etc...,  et  le  prix  de
        consommation.
            Quatrième objection: A première vue, une phrase de Douglas
        inspire quelque doute: «The dividend shall progressively displace
        wages and salaries» (Warning Democracy, p. 34).
            Réponse: Le mot «dividende» n’a pas toujours dans les écrits
        de Douglas la même signification. Douglas entrevoit ici un système
        économique entièrement coopératif. Alors il devient facile de com-
        prendre que les ouvriers coopérateurs ne reçoivent plus leur rétri-
        bution sous forme de salaires mais bien sous forme de dividendes.
        Ils sont dans ce cas, en quelque sorte, propriétaires eux-mêmes du
        système de la production.
            Cette substitution du dividende au salariat ne peut donc être
        considérée  comme  opposée  à  la  doctrine  sociale  de  l’Eglise;
        d’autant que le Pape lui-même, dans Quadragesimo anno, admet
        la légitimité d’un ordre de choses où le contrat de société corri-
        gerait, dans la mesure du possible, le contrat de louage de travail.
   276   277   278   279   280   281   282   283   284   285   286