Page 279 - Sous le Signe de l'Abondance
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Le Crédit Social et la doctrine catholique 2 9
Saint Thomas le dit implicitement, dans Ethica, livre 5, leçon
4, quand il affirme qu’il appartient à la justice distributive, laquelle,
on le sait, relève principalement de l’Etat, de distribuer les biens
communs, y compris la monnaie, à tous ceux qui sont parties de la
communauté civile.
En fait, la monnaie et le crédit ont été, dans le passé, sous le
contrôle de l’Etat, en un grand nombre de pays, notamment dans
les Etats pontificaux; ils le sont encore dans la Cité Vaticane. Il se-
rait bien difficile de voir dans cette proposition, par conséquent, un
principe socialiste.
Ad IIam: Que la monnaie et le crédit soient basés sur la produc-
tion, sur les ressources matérielles nationales, cela ne comporte,
semble-t-il, aucun caractère socialiste. La base de la monnaie est
une affaire purement conventionnelle et technique.
Dans la discussion présente, ce point est accepté en principe
par plusieurs des opposants.
Ad IIIam: Le principe de l’équilibre à maintenir entre la produc-
tion et la consommation est sain. Dans une économie vraiment hu-
maine et ordonnée, en effet le but de la production est la consom-
mation et cette dernière doit normalement épuiser la première, du
moins lorsque la production est faite, comme elle doit l’être, pour
répondre à des besoins vraiment humains.
Quant à l’escompte, dont le principe est admis et même pra-
tiqué couramment dans l’industrie et le commerce, il n’est qu’un
moyen de réaliser cet équilibre; il permet au consommateur de se
procurer la marchandise dont il a besoin à un prix inférieur sans
perte pour le producteur.
Il est à noter que la Commission ne se prononce pas sur la
nécessité d’un escompte occasionné par l’écart, s’il y a, selon le
système du Crédit Social, entre la production et la consommation.
Mais si un tel écart existe, vouloir le combler par le moyen d’un
escompte ne saurait être considéré comme une mesure entachée
de socialisme.
Ad IVam: Le principe du dividende peut aussi se concilier avec
la doctrine sociale de l’Eglise; il est d’ailleurs comparable au pouvoir
d’octroyer que possède l’Etat. La Commission ne voit pas pourquoi
il serait nécessaire pour l’Etat de posséder les biens de produc-
tion pour pouvoir payer ce dividende; actuellement, quoique dans
un sens contraire, le pouvoir de taxer, que l’Etat possède en vue
du bien commun, comporte davantage cette note et pourtant est