Page 111 - Sous le Signe de l'Abondance
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L’argent est un instrument social   25

            Tout le monde sait cela. Mais ce que tout le monde ne sait pas
        encore, c’est qu’il y a deux manières d’avoir un compte créditeur
        à la banque: la manière de l’épargnant, qui dépose de l’argent à la
        banque; et la manière de l’emprunteur, qui demande à la banque
        d’en déposer à sa place.
            Il existe une grande différence entre ces deux manières.

            Quand  vous  portez  de  l’argent  à  la  banque,  le  banquier  met
        votre argent dans son tiroir, plus tard dans la voûte de la banque, et
        en retour, il inscrit le montant de cette somme dans votre compte,
        à votre crédit. Vous disposerez de ce crédit comme vous voudrez.
        Vous pourrez, comme il vous plaira, faire des paiements en tirant
        des chèques sur ce crédit. ce n’est plus de l’argent palpable comme
        celui qui vous avez porté à la banque, mais c’est de l’argent quand
        même.
            Mais  la  manière  de  l’emprunteur?  —  L’emprunteur  ne  porte
        pas de l’argent à la banque. Il va en demander au banquier. Sou-
        vent une grosse somme — disons 50 000 $. Le banquier ne va pas
        prendre 50 000 $ dans son tiroir pour les passer à l’emprunteur.
        L’emprunteur ne tient pas du tout à sortir de la banque avec pareille
        somme  dans  sa  poche.  Ce  qui  va  faire  l’affaire  de  l’emprunteur,
        c’est d’avoir dans son compte, à la banque, un crédit de 50 000 $,
        sur lequel il pourra tirer des chèques selon ses besoins. Et le ban-
        quier fait cela pour l’emprunteur. Mais, remarquez-le bien, sans que
        l’emprunteur ait apporté un sou, et sans que le banquier sorte un
        sou de son tiroir, et aussi sans diminuer le compte d’aucun autre
        client de la banque.
            Dans le cas de l’épargnant, il y a eu transformation d’argent
        palpable, enfermé dans le tiroir du banquier, en argent de crédit
        inscrit dans le compte de l’épargnant. Cela ne met pas un sou de
        plus en circulation.
            Dans le cas de l’emprunteur, il n’y a pas eu de transformation,
        puisque l’emprunteur n’a pas apporté un sou. Et comme rien n’est
        sorti d’aucun tiroir, d’aucun coffre, d’aucun autre compte, il arrive
        qu’il y a dans le livre de la banque, au crédit de l’emprunteur, une
        somme nouvelle qui n’existait nulle part auparavant.
            C’est cela qu’on appelle une création d’argent par le banquier.
        Une création de crédit, d’argent d’écriture. Argent aussi bon que
        l’autre, puisque l’emprunteur peut tirer des chèques sur ce compte
        comme si c’était un compte d’argent épargné.
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