Page 110 - Sous le Signe de l'Abondance
P. 110

110   Chapitre 25

        que du Canada. Mais mon billet ne peut acheter que mes produits,
        tandis que le dix dollars de papier-monnaie achète n’importe quels
        produits, paie n’importe quel service pour cette valeur.
                           Un instrument social
            Tout  cela  pour  dire  que  l’argent  est
        un instrument social. Et parce qu’il donne
        droit aux produits de tout le monde, il ne
        peut être justifiablement émis par un in-
        dividu, pas même par un groupe de par-
        ticuliers.  Ce  serait  s’attribuer  le  droit  de
        disposer des produits des autres.
            Il faut pourtant bien que l’argent nou-
        veau commence quelque part. Celui qui est en circulation n’est pas
        tombé du ciel; il ne s’est pas fait tout seul. De même, quand la pro-
        duction du pays augmente, quand la population d’un pays devient
        plus nombrreuse, il faut bien que le volume d’argent augmente.
        L’industrie et le commerce du Canada d’aujourd’hui seraient paraly-
        sés si l’on n’y avait pas plus d’argent qu’au temps de Champlain.
            Il s’est donc fait des additions d’argent. Il devra s’en faire enco-
        re avec un plus grand développement des activités économiques.
        Mais d’où doivent venir ces augmentations, puisqu’aucun individu
        ne peut émettre des droits sur la production des autres?
            L’argent nouveau, les augmentations du volume monétaire ne
        peuvent venir d’autre source que de la société elle-même, par l’in-
        termédiaire d’un organisme établi pour accomplir cette fonction au
        nom de la société.
            Or, aujourd’hui, qui donc accomplit cette fonction sociale par
        essence? Certainement pas le gouvernement, puisqu’il ne dispose
        pas d’autre argent que celui qu’il obtient par ses taxes, ou par des
        emprunts qui l’engagent à taxer un peu plus fort plus tard.
                    L’argent est créé par les banques
            L’argent moderne est fait, pour une petite partie, de pièces mé-
        talliques et de papier monnaie, et pour une grosse partie, de crédits
        dans les livres de banques.
            Tout le monde sait que l’individu qui a un compte à son crédit à
        la banque est capable de payer son marchand sans sortir d’argent
        de sa poche. Il n’a qu’à signer un chèque pour le montant à payer.
        Le marchand qui reçoit le chèque n’aura qu’à aller à sa banque pour
        le déposer à son propre compte, ou, si’il le désire, pour en obtenir
        le montant en argent de papier ou de métal.
   105   106   107   108   109   110   111   112   113   114   115