Page 106 - Sous le Signe de l'Abondance
P. 106

106   Chapitre 24

        libéral:  «L’argent  ne  consiste  qu’en  chiffres  gravés  sur  du  métal,
        imprimés sur du papier ou inscrits dans des grands-livres de ban-
        que.» Pourquoi alors laisser un peuple en crise sous un contrôle
        vicié de ces chiffres?
            Mackenzie King (voir photo) saisit toute l’importance de cette
        question. Et dès le début de la campagne électorale de 1935, il fait,
        en tant que chef du parti libéral, de remarquables déclarations:
            «Dès qu’une nation a cessé de contrôler elle-même sa mon-
        naie et son crédit, il importe peu qui fait ses lois. L’usure une fois
        au contrôle ruinera n’importe quel pays. Tant que le contrôle de
        l’argent et du crédit n’aura pas été restitué au gouvernement et
        reconnu comme sa responsabilité la plus évidente et la plus sa-
        crée, il est vain de parler de démocratie et de souveraineté du
        parlement.
            «Le parti libéral croit que le crédit est une affaire publique, qui
        n’intéresse pas exclusivement les banquiers, mais qui concerne
        directement le citoyen ordinaire. Le parti libéral se prononce pour
        l’établissement immédiat d’une banque nationale bien constituée
        pour le contrôle de l’émission de la monnaie en termes du besoin
        public. La circulation monétaire doit être en rapport avec les be-
        soins domestiques, sociaux et industriels du peuple canadien.»
            Mackenzie King n’ignorait pas l’existence de la tyrannie finan-
        cière; il sait que les puissances d’argent sont le véritable ennemi
        du peuple. Mais il se campe du côté du peuple, et, parlant à Saska-
        toon, il déclare fièrement:
            «Si mon parti reprend le pouvoir, nous ferons valoir notre po-
        litique monétaire dans la plus grande bataille entre les puissances
        financières et le peuple dont le Canada ait jamais été témoin.»

                              Après l’élection
            Le vote du 14 octobre 1935 donne le pouvoir au parti libéral,
        avec une majorité sans précédent à la Chambre des Communes.
        Le soir de ce triomphe, Mackenzie King s’adresse à la nation cana-
        dienne, et la radio porte ces phrases dans tous les foyers du pays:
            «Le  scrutin  d’aujourd’hui  endosse  les  vues  du  parti  libéral;
        que  le  crédit  est  une  affaire  publique,  concernant  directement
        chaque citoyen.
            «C’est un verdict contre la propriété et le contrôle privés d’une
        banque  nationale;  en  faveur  d’une  banque  nationale  dûment
        constituée, pour le contrôle des émissions d’argent en termes du
   101   102   103   104   105   106   107   108   109   110   111