Page 62 - Du régime de dettes à la prospérité — J-Crate Larkin
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Insuffisance du pouvoir d’achat 1
sert simplement à transférer les biens de capital d’une
manufacture à une autre. La monnaie affectée dans ce
sens ajoute au courant des prix sans rien ajouter aux re-
venus des acheteurs.
Le prix de détail se présente à l’acheteur chargé de
toutes les dépenses de la production et de la distribu-
tion. Il comprend les remboursements aux banques, les
intérêts, les charges de dépréciation des manufactures et
de leur matériel et tout autre frais de production. Contre
toutes ces dépenses figurant dans le prix de détail, le
pouvoir d’achat ne peut faire valoir que le mince filet de
billets-d’achat issu du système de production en salaires,
gages, bonis, dividendes et profits. De sorte que plus on
emprunte du système bancaire pour produire la riches-
se, plus le gouffre s’élargit entre le pouvoir d’achat et les
prix. Et pendant que le commerce se paralyse ainsi, les
dettes montent toujours et atteignent déjà des sommets
qui donnent le vertige.
Le facteur temps
Mais si ce retard du pouvoir d’achat sur les prix a
toujours existé, pourquoi n’en a-t-on pas ressenti les ef-
fets plus tôt? Pourquoi du moins ces effets n’ont-ils été
dénoncés que dernièrement?
Le «plus tôt» de la question suggère la réponse. C’est
principalement une question de TEMPS. Douglas appelle
le retard un retard chronique. Le mot chronique vient du
grec khronos qui signifie «temps». Une maladie chroni-
que empire avec le temps. De même le mal de notre sys-
tème. Nous avons observé le cours de la monnaie et le
cours des prix à un point seulement, à la manufacture
de radio. Mais le double courant est aussi continu que
le temps lui-même. Il n’arrête jamais. Si nous étendons
notre analyse au-delà de cet établissement et sur une
plus longue période de temps, nous verrons le même
phénomène se répéter constamment.