Page 36 - Du régime de dettes à la prospérité — J-Crate Larkin
P. 36
Nature de la monnaie 3
Où naît-elle? Nous savons qu’un chèque est un ordre de
débiter un solde créditeur en banque. Le solde créditeur
consiste en dépôts crédités à un compte défalqué des
retraits à date. Ces dépôts eux-mêmes peuvent provenir
de chèques tirés sur d’autres comptes.
Un chèque passe une inscription d’un compte à un
autre sans déplacement de numéraire. Des transac-
tions compliquées, représentant d’immenses sommes
de monnaie, se font ainsi, au moyen de simple comp-
tabilité dans les livres des banques, par des entrées de
crédits et de débits. Dans leur comptabilité, les banques
créditent et chargent les comptes de leurs clients. Évi-
demment, les soldes entre banques se règlent: ce sont
les «compensations bancaires», qui déplacent du numé-
raire, mais pour les balances du total des comptes de la
journée seulement.
Il ressort de tout ceci que, quel que fût autrefois le
rôle du numéraire dans la monnaie, l’histoire est bien dif-
férente maintenant que nous écrivons des chèques. Le
système de chèque est simplement une série d’entrée
de comptabilité, et le système monétaire actuel fonction-
ne surtout par la circulation de ces chèques. Les transac-
tions se font presque toutes au moyen de morceaux de
papier qui témoignent de l’existence d’un crédit financier.
Ce crédit lui-même est créé ou détruit par les procédés
de comptabilité des banques. Le système de chèque est,
à bien des points de vue, une grande amélioration sur
le système des gages, de la monnaie tangible. Mais son
invention a eu pour résultat de faire des banques des
manufactures de monnaie, non par la frappe de la mon-
naie, devenue tout à fait inutile, mais par la création de
simple monnaie scripturale, dispensant même de billets
imprimés.
Ingénieuse, la méthode par laquelle le banquier fabri-
que ainsi la monnaie. Simple procédé de comptabilité!