Page 34 - Du régime de dettes à la prospérité — J-Crate Larkin
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Nature de la monnaie 33
de billets conférant aux porteurs de ces billets un titre aux
produits et aux services. La monnaie, comme telle, n’est
donc pas une marchandise: sa valeur intrinsèque peut être
nominale ou nulle; elle tire sa valeur des fonctions qu’elle
remplit. Considérer la monnaie comme une marchandise
dénote une ignorance radicale du rôle de la monnaie.
La monnaie n’est pas une marchandise ayant subs-
tance, grandeur et poids, comme le blé ou l’acier. La
confusion actuelle provient surtout de ce qu’on prend
la monnaie pour un produit, comme l’or, au lieu de la
considérer comme simple mesure de valeur. Les experts
financiers eux-mêmes reconnaissent que toutes les mar-
chandises subissent des fluctuations dues à la loi de l’of-
fre et de la demande; aussi aucune marchandise ne sau-
rait convenir, d’une façon unique et absolue, à mesurer
la valeur des autres. Le professeur Frédérick Soddy dit:
«L’or est, sous tous les rapports, à peu près le pire des
produits à choisir comme étalon monétaire.»
La monnaie joue un rôle si important dans notre vie
moderne qu’on peut la considérer comme la clef de voûte
de notre structure économique tout entière. Les billets-
monnaie sont indispensables pour se procurer les articles
offerts aux consommateurs. D’où la lutte serrée pour se
disputer ces billets. La monnaie aujourd’hui est aussi né-
cessaire aux achats que les achats sont nécessaires à l’en-
tretien de la vie matérielle. De sorte que, dans la société
civilisée, notre vie même dépend de la monnaie et du sys-
tème monétaire. Sans monnaie qui fonctionne, sans mon-
naie «saine», impossible de toucher à la moindre partie de
la richesse exposée derrière les vitrines du Canada.
Mais pour mériter cet attribut de «saine», la monnaie
doit remplir deux conditions bien importantes. La pre-
mière est qu’elle soit acceptable, ce qui veut tout simple-
ment dire que ceux qui l’utilisent aient confiance, qu’ils
sachent pouvoir l’échanger pour les produits et les servi-
ces désirés. En second lieu, puisque c’est l’intermédiaire