Page 78 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
P. 78
78 Leçon 5
L’argent ne fait pas de petits, selon l’expression du grand philo-
sophe Aristote. Et pourtant, qui saura compter les contrats, contrats
entre individus, contrats entre gouvernements et créanciers, aux
termes desquels l’argent doit faire des petits, sous peine de confis-
cation de propriété ou de liberté?
Peu à peu, tous se sont rangés derrière la théorie, et derrière la
pratique surtout, que l’argent doit produire de l’intérêt. Et malgré
tout l’enseignement chrétien dans le sens contraire, la pratique a
fait tellement de chemin que, pour ne pas perdre dans la concur-
rence endiablée autour de la fécondité de l’argent, tout le monde
aujourd’hui doit se conduire comme s’il était naturel pour l’argent
de faire des petits. L’Eglise n’a pas rescindé ses vieilles lois, mais il
lui est devenu impossible d’en exiger l’application.
Les méthodes employées pour financer la croisade actuelle (la
guerre mondiale No 2), dans laquelle nous sommes les acolytes de
Churchill, Roosevelt et Staline pour défendre la chrétienté, consa-
crent solennellement la règle que l’argent, même l’argent jeté à la
mer ou dans les flammes d’incendies de villes, doit porter de l’intérêt.
Nous faisons ici allusion aux emprunts de la Victoire, qui financent la
destruction, ne produisent rien et doivent quand même porter intérêt.
Intérêt et dividende
Pour que nos lecteurs ne perdent pas connaissance en pensant
à leurs économies placées dans l’industrie ou dans des institutions
de prêts, hâtons-nous de faire quelques distinctions.
Si l’argent ne peut pas grossir par lui-même, il y a des cho-
ses que l’argent achète et qui produisent logiquement des déve-