Page 83 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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La solution: un argent sans dette  83

        usage des biens qu’il nous a confiés, mais c’est pour notre avan-
        tage et non pour le sien.»
            Ce texte de l’Evangile ne peut donc pas justifier l’intérêt puis-
        que, dit saint Thomas, «on ne peut fonder un argument sur des
        expressions métaphoriques».
            Un autre texte causant difficulté est celui de Deutéronome 23,
        20-21: «Tu n’exigeras de ton frère aucun intérêt, ni pour un prêt
        d’argent, ni pour du grain, ni pour autre chose. Tu ne pourras rece-
        voir d’intérêt que d’un étranger». Saint Thomas explique:
            «Il était interdit aux Juifs de toucher un intérêt de la part de
        “leurs frères”, c’est-à-dire des autres Juifs; ce qui donne à enten-
        dre que percevoir l’intérêt d’un prêt, de quelque homme qu’on
        le reçoive, est mal, absolument parlant. Nous devons, en effet,
        regarder tout homme “comme notre prochain et notre frère” sur-
        tout d’après la loi évangélique qui doit régir l’humanité. Aussi le
        Psalmiste, parlant du juste, dit-il sans restriction: “Il ne prête pas
        son argent à intérêt” (14, 4), et Ezéchiel (18, 17): “Il ne pratique
        pas l’usure, et ne prend pas d’intérêts”.»
            Si les Juifs étaient autorisés à recevoir un intérêt de la part des
        étrangers,  dit  saint  Thomas,  c’était  une  tolérance  pour  éviter  un
        plus grand mal, de peur qu’ils ne perçussent des intérêts sur les
        Juifs eux-mêmes, adorateurs du vrai Dieu. Saint Ambroise, com-
        mentant le même texte («tu pourras prêter à intérêt aux étrangers»),
        voit dans le mot «étrangers» le sens d’«ennemis» et conclut: «A
        celui auquel tu désires légitimement nuire, à celui contre lequel tu
        prends justement les armes, à celui-là tu peux à bon droit prendre
        des intérêts.»
            Saint Ambroise dit aussi: «Qu’est-ce que le prêt à intérêt,
        sinon tuer un homme?»
            Saint Jean Chrysostome: «Rien n’est plus honteux, ni plus
        cruel que l’usure.»
            Saint Léon: «C’est une avarice injuste et insolente que celle qui
        se flatte de rendre service au prochain alors qu’elle le trompe... Ce-
        lui-là jouira du repos éternel qui entre autres règles d’une conduite
        pieuse n’aura pas prêté son argent à usure... tandis que celui qui
        s’enrichit au détriment d’autrui, mérite en retour la peine éternelle.»
            En 1311,  au Concile de Vienne,  le pape Clément V déclarait
        nulle et vaine toute la législation civile en faveur de l’usure, et «si
        quelqu’un tombe dans cette erreur d’oser audacieusement affirmer
        que ce n’est pas un péché que de faire l’usure, nous décrétons qu’il
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