Page 73 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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La solution: un argent sans dette 73
moyens, les moyens physiques, les possibilités de production. En
d’autres mots, tout ce qui est physiquement possible serait rendu
financièrement possible. Il n’y aurait plus à proprement parler de
problèmes financiers, la seule limite serait la capacité de produc-
tion du pays. Le gouvernement pourrait financer tous les dévelop-
pements et programmes sociaux que la population réclamerait et
qui seraient physiquement réalisables.
Certains diront que si on ne veut pas s’endetter, on n’a qu’à
ne pas emprunter. Mais comme on l’a vu précédemment, si per-
sonne n’empruntait d’argent de la banque, il n’y aurait tout sim-
plement pas un sou en circulation, puisque tout l’argent est créé
par les banques sous forme de prêt. Seulement pour maintenir le
même niveau d’argent en circulation, il faut s’endetter à perpétuité.
D’ailleurs, il n’existe même pas assez d’argent dans le pays pour
payer la dette fédérale... sans tenir comptes des dettes des provin-
ces, des compagnies, et des consommateurs!
Dans le système actuel, faire des coupures pour réduire le
déficit et tenter de rembourser la dette, c’est absurde et même
criminel, puisque cela ne fait que rendre l’argent plus rare. Loin
d’apporter la prospérité, cela amènerait une crise économique
sans précédent. L’argent pouvant être considéré comme étant le
sang de la vie économique, ça serait comme vider l’organisme
économique de son sang, et entraîner la mort à brève échéance.
Citons encore l’échange entre MM. Patman et Eccles, au Comi-
té de la Chambre des Représentants des Etats-Unis sur la Banque
et le Numéraire, le 30 septembre 1941:
Patman: «Vous avez déclaré que les gens devraient payer
leurs dettes au lieu de dépenser leur argent. Vous vous rappelez
de cette déclaration, je suppose?»
Eccles: «C’était en rapport avec les achats à crédit.»
Patman: «Croyez-vous que les gens devraient payer leurs det-
tes quand ils le peuvent, généralement?»
Eccles: «Je pense que cela dépend en grande partie de l’indi-
vidu; mais, bien sûr, s’il n’y avait pas de dette dans notre système
monétaire...»
Patman: «C’est la question que je voulais vous demander.»
Eccles: «Il n’y aurait plus du tout d’argent.»
Patman: “Supposons que tout le monde paie ses dettes, il n’y
aurait plus d’argent pour faire marcher les affaires?»