Page 80 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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80   Leçon 5

                           Placements indirects
            Dans la pratique, celui qui apporte son argent à la banque le
        place indirectement dans l’industrie productive. Les banquiers sont
        des prêteurs de profession, et le déposant leur passe son argent,
        parce qu’ils sont mieux que lui capables de le faire fructifier, sans
        qu’il ait à s’en occuper.
            Le petit intérêt que le banquier inscrit au crédit du déposant de
        temps en temps, même à taux fixe, est en réalité un dividende, une
        partie des revenus que le banquier, avec le concours d’emprun-
        teurs, a obtenus d’activités productrices.
                          Placements anonymes
            En passant, disons un mot de la moralité des placements. Bien
        des gens ne se préoccupent aucunement de l’utilité ou de la noci-
        vité des activités que leur argent va financer. Dès lors que ça rap-
        porte, disent-ils, c’est bon. Et plus ça rapporte, meilleur est le pla-
        cement. Un païen ne raisonnerait pas autrement.
            Si le propriétaire d’une maison n’a pas le droit de la louer pour
        un bordel, alors que ce serait bien payant, le propriétaire d’épar-
        gnes n’a pas plus le droit de les placer dans des entreprises qui
        ruinent les âmes, même si elles remplissent des poches.
            Il serait  d’ailleurs  bien  préférable  que  le  bailleur  de  fonds  et
        l’entrepreneur  fussent moins dissociés. L’industrie  moins grosse
        d’autrefois était beaucoup plus saine: le financier et l’entrepreneur
        étaient la même personne. Le marchand du coin est encore dans
        le même cas. Pas le magasin à chaînes. La coopérative, l’associa-
        tion de personnes, gardent la relation entre l’usage de l’argent et
        son propriétaire, et ont l’avantage de permettre des entreprises qui
        dépassent les ressources d’une seule personne.

                       L’accroissement de l’argent
            A la question du début: L’argent doit-il réclamer de l’intérêt?
        nous sommes donc portés à répondre: L’argent peut réclamer des
        dividendes lorsqu’il y a fruits. Autrement, non.
            Si les contrats sont faits autrement, si le cultivateur doit rem-
        bourser des intérêts même quand ses récoltes sont manquées, si
        les fermiers de  l’Ouest  doivent  honorer des engagements  à  7%
        alors que les financiers qui mènent le monde causent la baisse des
        prix au tiers de ce qu’ils étaient, cela ne change rien au principe.
        Cela prouve tout simplement qu’on a substitué l’artifice à la réalité.
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