Page 82 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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geurs d’argent s’étaient justement arrangés pour obtenir le mono-
pole. Il y avait plusieurs sortes de pièces en ce temps-là, mais les
gens devaient obtenir cette pièce spécifique pour payer leur dîme.
De plus, les colombes et les animaux que les gens devaient acheter
pour offrir en sacrifice ne pouvaient être achetés autrement que
par cette monnaie, que les changeurs d’argent échangeaient aux
pèlerins, mais moyennant de deux à trois fois sa valeur réelle en
temps normal. Jésus renversa leur table et leur dit: «Ma maison est
une maison de prière, et vous en avez fait une caverne de voleurs.»
L’enseignement de l’Église
La Bible contient plusieurs textes qui condamnent clairement
le prêt à intérêt. Par ailleurs, plus de 300 ans avant Jésus-Christ, le
grand philosophe grec Aristote condamnait lui aussi le prêt à inté-
rêt, faisant remarquer que l’argent, n’étant pas une chose vivante,
ne pouvait donner naissance à d’autre argent: «L’argent ne fait pas
de petits», dit-il. De plus, les Pères de l’Eglise, depuis les temps les
plus anciens, ont toujours dénoncé sans équivoque l’usure. Saint
Thomas d’Aquin, dans sa Somme Théologique (2-2, question 78),
résume l’enseignement de l’Eglise sur le prêt à intérêt:
«Il est écrit dans le livre de l’Exode (22,
24): “Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de
mon peuple, au pauvre qui est avec toi, tu ne
seras point à son égard comme un créancier,
tu ne l’accableras pas d’intérêts.” Recevoir un
intérêt pour l’usage de l’argent prêté est de
soi injuste, car c’est faire payer ce qui n’existe
pas; ce qui constitue évidemment une inégali-
té contraire à la justice... c’est en quoi consiste
l’usure. Et comme l’on est tenu de restituer les
biens acquis injustement, de même l’on est Saint Thomas
tenu de restituer l’argent reçu à titre d’intérêt.» d’Aquin
En réponse au texte de l’Evangile sur la parabole des talents
(Matthieu 25, 14-30 et Luc 19, 12-27), qui, à première vue, sem-
ble justifier l’intérêt («Serviteur mauvais... tu aurais dû placer mon
argent à la banque, et à mon retour, j’aurais retiré mon argent avec
les intérêts»), saint Thomas d’Aquin écrit:
«Les intérêts dont parle l’Evangile doivent s’entendre dans
un sens métaphorique; ils désignent le surcroît de biens spirituels
exigé par Dieu, qui veut que nous fassions toujours un meilleur