Page 29 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Caritas in veritate 29
C’est la raison pour laquelle le Crédit Social propose un dividende
à chaque être humain (en plus des salaires à ceux qui travaillent),
puisque chaque être humain est véritablement copropriétaire, co-
héritier des deux plus grands facteurs de production: les richesses
naturelles (le soleil, l’eau, la pluie, le vent, les minéraux, dons de
Dieu pour tous les hommes), et le progrès, l’héritage des inven-
tions des générations passées.
Dans Caritas in veritate, Benoît XVI insiste beaucoup sur l’éco-
nomie de don, l’économie de gratuité, tant au niveau des personnes
que des institutions. Tout ne peut être calculé en salaires, beaucoup
de bien peut être fait par le bénévolat. Dans un système de Crédit
Social, les citoyens ayant la sécurité économique garantie par le
dividende, l’entraide et le bénévolat croîtraient tout naturellement.
Dieu Lui-même nous comble de gratuités avec les ressources natu-
relles et la nourriture qu’Il donne en abondance: le dividende serait
le reflet de cette générosité, de ces gratuités de Dieu.
Karl Marx prétendait que le travail créait toute la richesse.
Adam Smith disait que le capital (celui qui investit de l’argent dans
une entreprise) avait aussi sa part. Mais tous deux ignorent ce que
Douglas appelle «l’héritage culturel», ce fameux héritage des res-
sources naturelles et des inventions, responsable de plus de 90%
de la production du pays. Jean-Paul II écrivait en 1981 dans son
Encyclique Laborem exercens, sur le travail humain (n. 13):
«L’homme, par son travail, hérite d’un double patrimoine: il
hérite d’une part de ce qui est donné à tous les hommes, sous
forme de ressources naturelles et, d’autre part, de ce que tous les
autres ont déjà élaboré à partir de ces ressources, en réalisant un
ensemble d’instruments de travail toujours plus parfaits. Tout en
travaillant, l’homme hérite du travail d’autrui.»
Benoît XVI parle ainsi de la technique dans sa nouvelle ency-
clique (n. 69): «La technique permet de dominer la matière, de
réduire les risques, d’économiser ses forces et d’améliorer les
conditions de vie... La technique s’inscrit donc dans la mission
de cultiver et de garder la terre (cf. Gn 2, 15) que Dieu a confiée
à l’homme, et elle doit tendre à renforcer l’alliance entre l’être
humain et l’environnement appelé à être le reflet de l’amour créa-
teur de Dieu.»
Le Souverain Pontife ajoute que, comme toute activité humai-
ne, la technique doit être soumise à la morale, surtout dans le do-
maine de la biotechnologie (la fécondation in vitro, la recherche
sur les embryons, la possibilité du clonage humain) où le danger