Page 25 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Caritas in veritate 25
Redéfinir le but de l’économie
Au paragraphe 32 de la nouvelle encyclique, nous pouvons
lire que l’augmentation de la pauvreté dans nos sociétés entraî-
ne «l’érosion progressive du “capital social”, c’est-à-dire de cet
ensemble de relations de confiance, de fiabilité, de respect des
règles, indispensables à toute coexistence civile… Cela demande
une réflexion nouvelle et approfondie sur le sens de l’économie et
de ses finalités.»
Ceux qui ont lu le livre de Louis Even, Sous le Signe de l’Abon-
dance, ou bien les 10 leçons sur le Crédit Social, savent qu’il est
important de ne pas confondre fins et moyens. Le but, la fin de
l’économie, c’est de faire en sorte que les biens joignent les be-
soins, c’est-à-dire, non seulement de produire les choses nécessai-
res à la vie, mais aussi de faire en sorte que ces choses atteignent
véritablement les humains qui en ont besoin, et que les produits ne
restent pas seulement dans les vitrines, et que les gens meurent de
faim. Il s’agit donc de production, puis de distribution. La produc-
tion abonde aujourd’hui, c’est la distribution qui fait défaut.
Quand le Saint-Père parle de «capital social», de «cet ensemble
de relations de confiance, de fiabilité, de respect des règles, indispen-
sables à toute coexistence civile», cela rappelle ces paroles de Geof-
frey Dobbs mentionnées dans la leçon 1 du livre «Les propositions
financières du Crédit Social expliquées en 10 leçons» (page 18):
«Le mot “crédit” est synonyme de foi, ou confiance… le cré-
dit social, c’est donc la confiance qu’on puisse vivre ensemble en
société… Comment pourrions-nous vivre le moindrement en paix
si nous ne pouvons pas faire confiance à nos voisins? Comment
pourrions-nous utiliser les routes si nous n’avions pas confiance
que les autres automobilistes observent le Code de la route?…
Et qu’arrive-t-il lorsque le concept de mariage chrétien, de famille
chrétienne et d’éducation chrétienne des enfants est abandonné?»
Le but de l’économie, ce n’est pas de fournir des emplois, ni de
faire des profits, ou la croissance à tout prix (comme le dit Benoît
XVI au paragraphe 68: «le développement économique s’avère
factice et nuisible, s’il s’en remet aux “prodiges” de la finance
pour soutenir une croissance artificielle liée à une consommation
excessive»); tout cela ne sont que des moyens: le but, c’est la satis-
faction des besoins humains, dans le respect de la dignité et de la
liberté de la personne humaine. Si les produits peuvent être fabri-
qués avec moins de labeur humain, par les machines, cela est une