Page 33 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Caritas in veritate 33
«Le thème du développement est aussi aujourd’hui fortement
lié aux devoirs qu’engendre le rapport de l’homme avec l’environ-
nement naturel. Celui-ci a été donné à tous par Dieu et son usage
représente pour nous une responsabilité à l’égard des pauvres,
des générations à venir et de l’humanité tout entière. Si la na-
ture, et en premier lieu l’être humain, sont considérés comme le
fruit du hasard ou du déterminisme de l’évolution, la conscience
de la responsabilité s’atténue dans les esprits. Dans la nature, le
croyant reconnaît le merveilleux résultat de l’intervention créa-
trice de Dieu, dont l’homme peut user pour satisfaire ses besoins
légitimes — matériels et immatériels — dans le respect des équi-
libres propres à la réalité créée. Si cette vision se perd, l’homme
finit soit par considérer la nature comme une réalité intouchable,
soit, au contraire, par en abuser. Ces deux attitudes ne sont pas
conformes à la vision chrétienne de la nature, fruit de la création
de Dieu… La nature est à notre disposition non pas comme “un
tas de choses répandues au hasard”, mais au contraire comme
un don du Créateur qui en a indiqué les lois intrinsèques afin que
l’homme en tire les orientations nécessaires pour “la garder et la
cultiver” (Gn 2, 15)…
«Il y a de la place pour tous sur la terre: la famille humaine
tout entière doit y trouver les ressources nécessaires pour vivre
correctement grâce à la nature elle-même, don de Dieu à ses en-
fants, et par l’effort de son travail et de sa créativité. Nous devons
cependant avoir conscience du grave devoir que nous avons de
laisser la terre aux nouvelles générations dans un état tel qu’elles
puissent elles aussi l’habiter décemment et continuer à la culti-
ver… L’une des plus importantes tâches de l’économie est pré-
cisément l’utilisation la plus efficace des ressources, et non leur
abus.» (n. 50)
Sauver la nature, les animaux, les bébés phoques, c’est bien,
mais sauver les êtres humains, c’est encore plus important. Benoît
XVI explique: «Considérer la nature comme plus importante que
la personne humaine elle-même est contraire au véritable déve-
loppement. Cette position conduit à des attitudes néo-païennes
(faire de la terre une déesse, Gaïa la terre-mère)… Par ailleurs, la
position inverse… est également à rejeter car le milieu naturel
n’est pas seulement un matériau dont nous pouvons disposer à
notre guise, mais c’est l’œuvre admirable du Créateur, portant en
soi une «grammaire» qui indique une finalité et des critères pour
qu’il soit utilisé avec sagesse et non pas exploité de manière arbi-
traire.» (n. 48)