Page 227 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Encyclique Laudato Si 227
leurs, en conscience.
106... L’intervention humaine sur la nature s’est toujours véri-
fiée, mais longtemps elle a eu comme caractéristique d’accompa-
gner, de se plier aux possibilités qu’offrent les choses elles-mêmes.
Il s’agissait de recevoir ce que la réalité naturelle permet de soi,
comme en tendant la main. Maintenant, en revanche, ce qui inté-
resse c’est d’extraire tout ce qui est possible des choses par l’impo-
sition de la main de l’être humain, qui tend à ignorer ou à oublier la
réalité même de ce qu’il a devant lui.
Voilà pourquoi l’être humain et les choses ont cessé de se
tendre amicalement la main pour entrer en opposition. De là, on
en vient facilement à l’idée d’une croissance infinie ou illimitée,
qui a enthousiasmé beaucoup d’économistes, de financiers et de
technologues. Cela suppose le mensonge de la disponibilité infi-
nie des biens de la planète, qui conduit à la «presser» jusqu’aux
limites et même au-delà des limites. C’est le faux présupposé
«qu’il existe une quantité illimitée d’énergie et de ressources à
utiliser, que leur régénération est possible dans l’immédiat et que
les effets négatifs des manipulations de l’ordre naturel peuvent
être facilement absorbés». (Compendium de la doctrine sociale
de l’Église, n. 462.)
109. Le paradigme technocratique tend aussi à exercer son
emprise sur l’économie et la politique. L’économie assume tout le
développement technologique en fonction du profit, sans prêter at-
tention à d’éventuelles conséquences négatives pour l’être humain.
Les finances étouffent l’économie réelle. Les leçons de la crise fi-
nancière mondiale n’ont pas été retenues, et on prend en compte
les leçons de la détérioration de l’environnement avec beaucoup
de lenteur. Dans certains cercles on soutient que l’économie ac-
tuelle et la technologie résoudront tous les problèmes environne-
mentaux. De même on affirme, en langage peu académique, que
les problèmes de la faim et de la misère dans le monde auront une
solution simplement grâce à la croissance du marché. Ce n’est pas
une question de validité de théories économiques, que peut-être
personne aujourd’hui n’ose défendre, mais de leur installation de
fait dans le développement de l’économie.
Ceux qui n’affirment pas cela en paroles le soutiennent dans
les faits quand une juste dimension de la production, une meilleu-
re répartition des richesses, une sauvegarde responsable de l’en-
vironnement et les droits des générations futures ne semblent
pas les préoccuper. Par leurs comportements, ils indiquent que