Page 224 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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224   Annexe D

        les pays en développement ne manquent pas, conditionnant des
        aides économiques à certaines politiques de «santé reproductive».
        Mais «s’il est vrai que la répartition inégale de la population et des
        ressources  disponibles crée des obstacles au développement  et
        à l’utilisation  durable  de l’environnement,  il faut  reconnaître  que
        la croissance démographique est pleinement compatible avec un
        développement intégral et solidaire».
            Accuser l’augmentation de la population et non le consu-
        mérisme extrême et sélectif de certains est une façon de ne pas
        affronter les problèmes. On prétend légitimer ainsi le modèle de
        distribution actuel où une minorité se croit le droit de consom-
        mer dans une proportion qu’il serait impossible de généraliser,
        parce que la planète ne pourrait même pas contenir les déchets
        d’une telle consommation. En outre, nous savons qu’on gaspille
        approximativement  un tiers  des aliments  qui  sont produits,  et
        «que lorsque l’on jette de la nourriture, c’est comme si l’on volait
        la nourriture à la table du pauvre»....

                  Chapitre 2 – L’Évangile de la création
            66. Les récits de la création dans le livre de la Genèse contien-
        nent, dans leur langage symbolique et narratif, de profonds ensei-
        gnements sur l’existence humaine et sur sa réalité historique. Ces
        récits suggèrent que l’existence humaine repose sur trois relations
        fondamentales intimement liées: la relation avec Dieu, avec le pro-
        chain, et avec la terre. Selon la Bible, les trois relations vitales ont
        été rompues, non seulement à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur
        de nous. Cette rupture est le péché. L’harmonie entre le Créateur,
        l’humanité et l’ensemble de la création a été détruite par le fait
        d’avoir prétendu prendre la place de Dieu, en refusant de nous
        reconnaître comme des créatures limitées.
            Ce  fait  a  dénaturé  aussi  la  mission de  «soumettre»  la  terre
        (cf. Gn 1, 28), de «la cultiver et la garder» (Gn 2, 15). Comme ré-
        sultat, la relation, harmonieuse à l’origine entre l’être humain et la
        nature, est devenue conflictuelle (cf. Gn 3, 17-19)...
            67. Nous ne sommes pas Dieu. La terre nous précède et nous a
        été donnée... Alors que «cultiver» signifie labourer, défricher ou tra-
        vailler, «garder» signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner,
        surveiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable
        entre l’être humain et la nature. Chaque communauté peut pré-
        lever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survi-
        vre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder et de garantir
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