Page 229 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Encyclique Laudato Si  229

        tion de handicap – pour prendre seulement quelques exemples –
        on écoutera difficilement les cris de la nature elle-même. Tout est
        lié. Si l’être humain se déclare autonome par rapport à la réalité
        et qu’il se pose en dominateur absolu, la base même de son exis-
        tence s’écroule, parce qu’«au lieu de remplir son rôle de collabo-
        rateur de Dieu dans l’œuvre de la création, l’homme se substitue
        à Dieu et ainsi finit par provoquer la révolte de la nature». (Jean-
        Paul II, Centesimus annus, n. 37.)
            120. Puisque tout est lié, la défense de la nature n’est pas com-
        patible non plus avec la justification de l’avortement. Un chemin
        éducatif pour accueillir les personnes faibles de notre entourage,
        qui parfois dérangent et sont inopportunes, ne semble pas prati-
        cable si l’on ne protège pas l’embryon humain, même si sa venue
        cause de la gêne et des difficultés: «Si la sensibilité personnelle et
        sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes
        d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent».
            123. La culture  du relativisme est  la  même pathologie  qui
        pousse une personne à  exploiter  son prochain  et  à le  traiter
        comme un pur objet, l’obligeant aux travaux forcés, ou en faisant
        de lui un esclave à cause d’une dette. C’est la même logique qui
        pousse à l’exploitation sexuelle des enfants ou à l’abandon des
        personnes âgées qui ne servent pas des intérêts personnels. C’est
        aussi la logique intérieure de celui qui dit: Laissons les forces invi-
        sibles du marché réguler l’économie, parce que ses impacts sur la
        société et sur la nature sont des dommages inévitables...
                   Chapitre 4 – Une écologie intégrale
            138. L’écologie étudie les relations entre les organismes vivants
        et l’environnement où ceux-ci se développent. Cela demande de
        s’asseoir pour penser et pour discuter avec honnêteté des condi-
        tions de vie et de survie d’une société, pour remettre en question
        les modèles de développement, de production et de consomma-
        tion. Il n’est pas superflu d’insister sur le fait que tout est lié...
            160. Quel  genre  de  monde  voulons-nous  laisser  à  ceux  qui
        nous succèdent, aux enfants qui grandissent? Cette question ne
        concerne pas seulement l’environnement de manière isolée, par-
        ce qu’on ne peut pas poser la question de manière fragmentaire.
        Quand  nous nous interrogeons  sur le  monde que  nous voulons
        laisser, nous parlons surtout de son orientation générale, de son
        sens, de ses valeurs. Si cette question de fond n’est pas prise en
        compte, je ne crois pas que nos préoccupations écologiques puis-
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