Page 230 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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230 Annexe D
sent obtenir des effets significatifs.
Mais si cette question est posée avec courage, elle nous conduit
inexorablement à d’autres interrogations très directes: pour quoi
passons-nous en ce monde, pourquoi venons-nous à cette vie,
pourquoi travaillons-nous et luttons-nous, pourquoi cette terre a-
t-elle besoin de nous? C’est pourquoi, il ne suffit plus de dire que
nous devons nous préoccuper des générations futures. Il est néces-
saire de réaliser que ce qui est en jeu, c’est notre propre dignité.
Nous sommes, nous-mêmes, les premiers à avoir intérêt à laisser
une planète habitable à l’humanité qui nous succédera. C’est un
drame pour nous-mêmes, parce que cela met en crise le sens de
notre propre passage sur cette terre.
161. Les prévisions catastrophistes ne peuvent plus être consi-
dérées avec mépris ni ironie. Nous pourrions laisser trop de dé-
combres, de déserts et de saletés aux prochaines générations.
Le rythme de consommation, de gaspillage et de détérioration de
l’environnement a dépassé les possibilités de la planète, à tel point
que le style de vie actuel, parce qu’il est insoutenable, peut seule-
ment conduire à des catastrophes, comme, de fait, cela arrive déjà
périodiquement dans diverses régions...
Chapitre 5 – Quelques lignes d’orientation
165. Nous savons que la technologie reposant sur les com-
bustibles fossiles très polluants – surtout le charbon, mais aussi
le pétrole et, dans une moindre mesure, le gaz – a besoin d’être
remplacée, progressivement et sans retard. Tant qu’il n’y aura pas
un développement conséquent des énergies renouvelables, déve-
loppement qui devrait être déjà en cours, il est légitime de choisir le
moindre mal et de recourir à des solutions transitoires...
189. La politique ne doit pas se soumettre à l’économie et
celle-ci ne doit pas se soumettre aux diktats ni au paradigme
d’efficacité de la technocratie. Aujourd’hui, en pensant au bien
commun, nous avons impérieusement besoin que la politique et
l’économie, en dialogue, se mettent résolument au service de la
vie, spécialement de la vie humaine.
Sauver les banques à tout prix, en en faisant payer le prix à
la population, sans la ferme décision de revoir et de réformer le
système dans son ensemble, réaffirme une emprise absolue des
finances qui n’a pas d’avenir et qui pourra seulement générer de
nouvelles crises après une longue, couteuse et apparente gué-
rison. La crise financière de 2007-2008 était une occasion pour