Page 217 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Discours de Thomas Sankara  217

        du groupe des cent et que sais-je encore.
            Il est normal que nous créions notre club et notre groupe faisant
        en sorte que dès aujourd’hui Addis-Abeba devienne également le
        siège,  le  centre  d’où  partira  le  souffle nouveau:  le  club  d’Addis-
        Abeba.
            Nous avons le devoir aujourd’hui de créer le front uni d’Addis-
        Abeba contre la dette. Ce n’est que de cette façon que nous pou-
        vons dire aux autres qu’en refusant de payer la dette nous ne ve-
        nons pas dans une démarche belliqueuse, au contraire, c’est dans
        une démarche fraternelle pour dire ce qui est.
            Du reste, les masses populaires en Europe ne sont pas oppo-
        sées aux masses populaires en Afrique mais ceux qui veulent ex-
        ploiter l’Afrique, ce sont les mêmes qui exploitent l’Europe; Nous
        avons un ennemi commun. Donc notre club parti d’Addis-Abeba
        devra également dire aux uns et aux autres que la dette ne saurait
        être payée.
            Et quand nous disons que la dette ne saurait être payée ce n’est
        point que nous sommes contre la morale, la dignité, le respect de
        la parole. Parce que nous estimons que nous n’avons pas la même
        morale que les autres. Entre le riche et le pauvre, il n’y a pas la
        même morale. La bible, le coran, ne peuvent pas servir de la même
        manière celui qui exploite le peuple et celui qui est exploité; Il fau-
        drait alors qu’il y ait deux éditions de la bible et deux éditions du
        coran.
            Nous ne pouvons pas accepter qu’on nous parle de dignité,
        nous ne pouvons pas accepter que l’on nous parle de mérite de
        ceux qui payent et de perte de confiance vis-à-vis de ceux qui ne
        payeraient  pas.  Nous  devons au  contraire  dire  que  c’est  normal
        aujourd’hui,  nous devons au contraire reconnaître  que les plus
        grands voleurs sont les plus riches. Un pauvre, quand il vole, il ne
        commet qu’un larcin ou une peccadille tout juste pour survivre par
        nécessité. Les riches ce sont eux qui volent le fisc, les douanes et
        qui exploitent les peuples.
            Monsieur le président,  ma proposition  ne vise pas simple-
        ment à provoquer ou à faire du spectacle, je voudrais dire ce que
        chacun de nous pense et souhaite. Qui ici ne souhaite pas que la
        dette soit purement et simplement effacée? Celui qui ne le sou-
        haite pas, il peut sortir, prendre son avion et aller tout de suite à
        la banque mondiale payer! Tous nous le souhaitons!
            Je ne voudrais pas que l’on prenne la proposition du Burkina
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