Page 216 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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216 Annexe C
n’avons pas de quoi payer; nous ne pouvons pas rembourser la
dette parce que nous ne sommes pas responsables de la dette;
nous ne pouvons pas payer la dette parce que, au contraire, les
autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront
jamais payer c’est-à-dire la dette de sang. C’est notre sang qui a été
versé! On parle du plan Marshall qui a refait l’Europe économique
mais on ne parle jamais du plan africain qui a permis à l’Europe
de faire face aux hordes hitlériennes lorsque leur économie était
menacée, leur stabilité était menacée.
Qui a sauvé l’Europe? C’est l’Afrique! On en parle très peu, on
en parle si peu que nous ne pouvons pas nous être complices de
ce silence ingrat. Si les autres ne peuvent pas chanter nos louan-
ges, nous avons au moins le devoir de dire que nos pères furent
courageux et que nos anciens combattants ont sauvé l’Europe et
finalement ont permis au monde de se débarrasser du nazisme.
La dette, c’est aussi la conséquence des affrontements et lors-
que l’on nous parle aujourd’hui de crise économique, on oublie
de nous dire que la crise n’est pas venue de façon subite, la crise
existe de tout temps et elle ira en s’aggravant chaque fois que les
masses populaires seront de plus en plus conscientes de leur droit
face aux exploiteurs.
Il y a crise aujourd’hui parce que les masses refusent que les
richesses soient concentrées entre les mains de quelques indivi-
dus; il y a crise parce que quelques individus déposent dans des
banques à l’étranger des sommes colossales qui suffiraient à déve-
lopper l’Afrique; il y a crise parce que face à ces richesses indivi-
duelles que l’on peut nommer, les masses populaires refusent de
vivre dans les ghettos, dans les bas quartiers; il y a crise parce que
les peuples partout refusent d’être dans Soweto face à Johannes-
burg. Il y a donc lutte et l’exacerbation de cette lutte amène les
tenants du pouvoir financier à s’inquiéter.
On nous demande aujourd’hui d’être complices de la recherche
d’un équilibre, équilibre en faveur des tenants du pouvoir financier,
équilibre au détriment de nos masses populaires. Non, nous ne
pouvons pas être complices, non, nous ne pouvons pas accom-
pagner ceux qui sucent le sang de nos peuples et qui vivent de la
sueur de nos peuples, nous ne pouvons pas les accompagner dans
leur démarche assassine.
Monsieur le président, nous entendons parler de club, club de
Rome, club de Paris, club de partout. Nous entendons parler du
groupe des cinq, du groupe des sept, du groupe des dix peut être