Page 214 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Annexe C
Discours du Président Thomas Sankara
«La dette ne peut pas être remboursée
parce que si nous ne payons pas, nos
bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-
en sûrs. Par contre, si nous payons, c’est
nous qui allons mourir. Soyons en sûrs
également.»
Thomas Sankara (1949-1987) fut prési-
dent du Burkina Faso (pays africain autrefois
connu sous le nom de Haute-Volta), de 1983 à
1987. C’est lui qui changea en 1984 le nom du
pays pour Burkina Faso, qui signifie «le pays
des hommes intègres». Pour ne pas subir les
dictats des financiers internationaux, il refusa
toute aide du Fonds Monétaire International
et de la Banque Mondiale. Son pays semi-dé-
sertique, affamé, endetté, avec une mortalité
infantile des plus élevée du monde, ne pouvait
compter que sur lui-même. «Deux repas et 10
litres d’eau pour tous et tous les jours» devint son slogan et son
programme; et en quatre ans, ce programme devint réalité: il avait
en effet réussi à rendre son pays auto-suffisant dans le domaine
alimentaire.
Cependant, le fardeau de la dette extérieure, accumulé par
les gouvernements précédents, menaçait son pays. Le 29 juillet
1987, Sankara prononçait le discours suivant à la 25e Conférence
au sommet des pays membres de l’OUA (Organisation de l’Union
Africaine) à Addis-Abeba, en Éthiopie, appelant à un front uni tous
les pays africains contre la dette, et déclarant, entre autres: «Si le
Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là
à la prochaine conférence!» Sankara fut assassiné le 15 octobre
1987, trois mois après ce discours.
Pour un front uni contre la dette
par le Président Thomas Sankara
Nous estimons que la dette s’analyse d’abord de par ses ori-
gines. Les origines de la dette remontent aux origines du colonia-