Page 189 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Le Crédit Social et la doctrine sociale, 2e partie 189
Par ailleurs, face au phénomène de l’interdépendance et de
son expansion constante, de très fortes disparités persistent dans
le monde entier entre pays développés et pays en voie de déve-
loppement, lesquelles sont alimentées aussi par différentes for-
mes d’exploitation, d’oppression et de corruption qui influent de
manière négative sur la vie interne et internationale de nombreux
États. Le processus d’accélération de l’interdépendance entre les
personnes et les peuples doit être accompagné d’un engagement
sur le plan éthico-social tout aussi intensifié, pour éviter les consé-
quences néfastes d’une situation d’injustice de dimensions plané-
taires, destinée à se répercuter très négativement aussi dans les
pays actuellement les plus favorisés.
Le devoir de tout chrétien
C’est en effet un devoir et une obligation pour tout chrétien de
travailler à l’établissement de la justice et d’un meilleur système
économique:
«Celui qui voudrait renoncer à la tâche, difficile mais exaltan-
te, d’améliorer le sort de tout l’homme et de tous les hommes,
sous prétexte du poids trop lourd de la lutte et de l’effort incessant
pour se dépasser, ou même parce qu’on a expérimenté l’échec et le
retour au point de départ, celui-là ne répondrait pas à la volonté de
Dieu créateur.» (Jean-Paul II, Sollicitudo rei socialis, n. 30.)
«La tâche n’est pas impossible. Le principe de solidarité, au
sens large, doit inspirer la recherche efficace d’institutions et de
mécanismes appropriés: il s’agit aussi bien de l’ordre des échan-
ges, où il faut se laisser guider par les lois d’une saine compéti-
tion, que de l’ordre d’une plus ample et plus immédiate redistri-
bution des richesses.» (Jean-Paul II, Redemptor hominis, n. 16.)
Il existe bien sûr plusieurs façons de venir en aide à nos frères
dans le besoin: donner à manger à ceux qui ont faim, donner à
boire à ceux qui ont soif, loger les sans-abri, visiter les malades et
les prisonniers, etc. Certains enverront des dons à des organismes
de charité, que ce soit pour aider des pauvres d’ici ou du Tiers-
Monde. Mais si ces dons peuvent soulager quelques pauvres pen-
dant quelques jours ou quelques semaines, cela ne supprime pas
pour autant les causes de la pauvreté.
Ce qui est infiniment mieux, c’est de corriger le problème à sa
source, de s’attaquer aux causes mêmes de la pauvreté, et de réta-
blir chaque être humain dans ses droits et sa dignité de personne
créée à l’image de Dieu, ayant droit au moins au nécessaire pour
vivre: