Page 194 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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        seul profit; mais cette manière de faire, in se, ne comporte pas de
        socialisme.
            La monnaie n’étant, dans le système du Crédit Social, qu’un
        instrument d’échange dont le cours sera rigoureusement réglé par
        la statistique de la production, la propriété privée demeure intacte;
        voire la monnaie et le crédit seraient peut-être moins qu’aujourd’hui
        dispensés selon le bon plaisir de ceux qui les contrôlent. Réserver
        à la collectivité la monnaie et le crédit n’est donc pas opposé à la
        doctrine sociale de l’Église.
            Saint Thomas le dit implicitement, dans Ethica, livre 5, leçon
        4, quand il affirme qu’il appartient à la justice distributive, laquelle,
        on le sait, relève principalement de l’État, de distribuer les biens
        communs, y compris la monnaie, à tous ceux qui sont parties de la
        communauté civile.
            En fait, la monnaie et le crédit ont été, dans le passé, sous le
        contrôle de l’État, en un grand nombre de pays, notamment dans
        les États pontificaux; ils le sont encore dans la Cité Vaticane. Il se-
        rait bien difficile de voir dans cette proposition, par conséquent, un
        principe socialiste.
            Ad IIam: Que la monnaie et le crédit soient basés sur la produc-
        tion, sur les ressources matérielles nationales, cela ne comporte,
        semble-t-il, aucun caractère socialiste. La base de la monnaie est
        une affaire purement conventionnelle et technique.
            Dans la discussion présente, ce point est accepté en principe
        par plusieurs des opposants.
            Ad IIIam: Le principe de l’équilibre à maintenir entre la produc-
        tion et la consommation est sain. Dans une économie vraiment hu-
        maine et ordonnée, en effet le but de la production est la consom-
        mation et cette dernière doit normalement épuiser la première, du
        moins lorsque la production est faite, comme elle doit l’être, pour
        répondre à des besoins vraiment humains.
            Quant à l’escompte, dont le principe est admis et même pra-
        tiqué couramment dans l’industrie et le commerce, il n’est qu’un
        moyen de réaliser cet équilibre; il permet au consommateur de se
        procurer la marchandise dont il a besoin à un prix inférieur sans
        perte pour le producteur.
            Il est à noter que la Commission ne se prononce pas sur la
        nécessité d’un escompte occasionné par l’écart, s’il y a, selon le
        système du Crédit Social, entre la production et la consommation.
        Mais si un tel écart existe, vouloir le combler par le moyen d’un
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