Page 193 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Le Crédit Social et la doctrine sociale, 2e partie  193

        et engendre un chômage permanent. Une partie importante de la
        population se trouve ainsi privée de tout pouvoir d’achat des biens
        créés pour elle et non pas pour quelques individus ou groupes par-
        ticuliers seulement. Pour que tous puissent avoir une part de l’héri-
        tage culturel légué par leurs prédécesseurs, le Crédit Social pro-
        pose un dividende dont la quantité sera déterminée par la masse
        des biens à consommer. Ce dividende sera versé à chaque citoyen,
        à titre de citoyen, qu’il ait ou non d’autres sources de revenus.
            4. Il s’agit maintenant de voir s’il y a des traces de socialisme
        dans ces propositions.
            Ad Iam: Cette proposition ne paraît pas comporter de donnée
        socialiste ni partant être contraire à la doctrine sociale de l’Église.
        L’affirmation est basée sur les passages suivants de l’Encyclique
        Quadragesimo anno.
            Le Pape (Pie XI) dit: «Il y a certaines catégories de biens pour
        lesquels on peut soutenir avec raison qu’ils doivent être réservés
        à la collectivité lorsqu’ils en viennent à conférer une puissance
        économique telle qu’elle ne peut, sans danger pour le bien public,
        être laissée entre les mains des personnes privées.»
                                  On y lit encore: «Ce qui à notre époque
                              frappe tout d’abord le regard, ce n’est pas
                              seulement la concentration des richesses,
                              mais encore l’accumulation d’une énorme
                              puissance, d’un pouvoir économique dis-
                              crétionnaire, aux mains d’un petit nombre
                              d’hommes, qui d’ordinaire ne sont pas les
                              propriétaires mais les simples dépositai-
                              res et gérants du capital  qu’ils adminis-
                              trent à leur gré.»
                                  «Ce  pouvoir  est surtout considéra-
               Pie XI
                              ble chez ceux qui, détenteurs et maîtres
        absolus de l’argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon
        leur bon plaisir. Par là, ils distribuent le sang à l’organisme écono-
        mique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que, sans
        leur consentement nul ne peut plus respirer.»
            Vouloir changer un tel état de choses n’est donc pas contraire
        à la doctrine sociale de l’Église. Il est vrai qu’en confiant à l’État le
        contrôle de la monnaie  et du crédit, on lui donne une influence
        considérable  sur  la  vie  économique  de  la  nation,  une  influence
        équivalente  à  celle  qu’exercent  les banques  actuellement  à  leur
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