Page 178 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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à la réalisation et au développement de ce bien… Tous ont aussi
droit de bénéficier des conditions de vie sociale qui résultent de
la recherche du bien commun. L’enseignement de Pie XI demeure
très actuel: «Il importe donc d’attribuer à chacun ce qui lui revient
et de ramener aux exigences du bien commun ou aux normes de
la justice sociale la distribution des ressources de ce monde, dont
le flagrant contraste entre une poignée de riches et une multitude
d’indigents atteste de nos jours, aux yeux de l’homme de cœur, les
graves dérèglements». (Encyclique Quadragesimo Anno, 197.)
Les devoirs de la communauté politique
168. La responsabilité de poursuivre le bien commun revient
non seulement aux individus, mais aussi à l’État, car le bien com-
mun est la raison d’être de l’autorité politique. (Cf. Catéchisme de
l’Église Catholique, n. 1910.) A la société civile dont il est l’expres-
sion, l’État doit, en effet, garantir la cohésion, l’unité et l’organisa-
tion de sorte que le bien commun puisse être poursuivi avec la
contribution de tous les citoyens. L’individu, la famille, les corps
intermédiaires ne sont pas en mesure de parvenir par eux-mêmes
à leur développement plénier; d’où la nécessité d’institutions poli-
tiques dont la finalité est de rendre accessible aux personnes les
biens nécessaires — matériels, culturels, moraux, spirituels — pour
conduire une vie vraiment humaine. Le but de la vie sociale est le
bien commun historiquement réalisable.
170. Le bien commun de la société n’est pas une fin en soi; il
n’a de valeur qu’en référence à la poursuite des fins dernières et au
bien commun universel de la création tout entière. Dieu est la fin
dernière de ses créatures et en aucun cas on ne peut priver le bien
commun de sa dimension transcendante, qui dépasse mais aussi
achève la dimension historique.
La destination universelle des biens
171. Parmi les multiples implications du bien commun, le prin-
cipe de la destination universelle des biens revêt une importance
immédiate : «Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à
l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que
les biens de la création doivent équitablement affluer entre les
mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la cha-
rité». (Gaudium et Spes, 69.) Ce principe est basé sur le fait que «la
première origine de tout bien est l’acte de Dieu lui-même qui a créé
la terre et l’homme, et qui a donné la terre à l’homme pour qu’il la
maîtrise par son travail et jouisse de ses fruits (cf. Gn 1,28-29).