Page 175 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
P. 175
Le Crédit Social et la doctrine sociale de l’Église 175
«Les pays débiteurs, en effet, se trouvent placés dans une
sorte de cercle vicieux: ils sont condamnés, pour pouvoir rem-
bourser leurs dettes, à transférer à l’extérieur, dans une mesure
toujours plus grande, des ressources qui devraient être disponi-
bles pour leur consommation et leurs investissements internes,
donc pour leur développement.
«Le service de la dette ne peut être acquitté au prix d’une as-
phyxie de l’économie d’un pays et aucun gouvernement ne peut
moralement exiger d’un peuple des privations incompatibles avec
la dignité des personnes... S’inspirant de l’Évangile, d’autres com-
portements seraient à envisager, comme consentir des délais, re-
mettre partiellement ou même totalement les dettes... En certains
cas, les pays créanciers pourront convertir les prêts en dons.
«L’Église rappelle la priorité à accorder aux hommes et à leurs
besoins, par-delà les contraintes et les techniques financières
souvent présentées comme seules impératives.»
Le Pape Jean-Paul II écrivait dans son encyclique Centesimus
annus (n. 35.): «Le principe que les dettes doivent être payées est
assurément juste (Note de Vers Demain : rembourser le capital est
juste, mais pas rembourser un intérêt en plus.) Il n’est pas licite de
demander et d’exiger un paiement quand cela reviendrait à imposer
en fait des choix politiques de nature à pousser à la faim et au déses-
poir des populations entières. On ne saurait prétendre au paiement
des dettes contractées si c’est au prix de sacrifices insupportables.
Dans ce cas, il est nécessaire — comme du reste cela est en train
d’être partiellement fait — de trouver des modalités d’allégement,
de report ou même d’extinction de la dette, compatibles avec le
droit fondamental des peuples à leur subsistance et à leur progrès.»
En préparation du Grand Jubilé de l’an 2000, le Pape Jean-Paul
II avait mentionné en plusieurs occasions la nécessité d’effacer tou-
tes les dettes. Voici des extraits de son audience du mercredi 3
novembre 1999:
«En ce qui concerne la possession des biens immobiliers, la
règle du jubilé biblique reposait sur le principe selon lequel la
‘terre appartient à Dieu’ et est donc donnée au bénéfice de toute
la communauté. C’est pourquoi, si un Israélite avait aliéné son
terrain, l’année jubilaire lui permettait d’en retrouver la posses-
sion. ‘La terre ne sera pas vendue avec perte de tout droit, car la
terre m’appartient et vous n’êtes pour moi que des étrangers et
des hôtes. Pour toute propriété foncière vous laisserez un droit de
rachat sur le fonds’ (Lv 25, 23-24).