Page 173 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Le Crédit Social et la doctrine sociale de l’Église  173

        lution est d’emprunter de nouveau pour pouvoir payer cet intérêt,
        et d’accumuler ainsi des dettes impayables.
            Cette création d’argent sous forme de dette par les banquiers est
        leur moyen d’imposer leur volonté sur les individus et de contrôler
        le monde:
            «Parmi les actes et les attitudes contraires à la volonté de
        Dieu et au bien du prochain et les ‘structures’ qu’ils introduisent,
        deux éléments paraissent  aujourd’hui les plus caractéristiques:
        d’une part le désir exclusif du profit et, d’autre part, la soif du pou-
        voir dans le but d’imposer aux autres sa propre volonté.» (Jean-
        Paul II, encyclique Sollicitudo rei socialis, n. 37.)
            Puisque l’argent est un instrument  essentiellement  social, la
        doctrine du Crédit Social propose que l’argent soit émis par la so-
        ciété, et non par des banquiers privés pour leur profit:
            «Il y a certaines catégories de biens pour
        lesquelles on peut soutenir avec raison qu’ils
        doivent être réservés à la collectivité lorsqu’ils
        en viennent à conférer une puissance écono-
        mique telle qu’elle ne peut, sans danger pour
        le bien public, être laissée entre les mains de
        personnes privées.» (Pie XI, encyclique Qua-
        dragesimo anno.)
                       L’effet de l’intérêt composé
            Les institutions comme le FMI (Fonds Monétaire International)
        et la Banque Mondiale prétendent venir en aide aux pays en diffi-
        cultés financières avec leurs prêts, mais à cause des intérêts que
        ces pays doivent payer, ces prêts les appauvrissent encore davan-
        tage. En voici quelques exemples frappants:
            En dix ans, de 1980 à 1990, les pays d’Amérique latine ont payé
        418 milliards $ d’intérêt sur un emprunt original de 80 milliards $...
        et ils doivent encore le capital, même s’ils l’ont remboursé plus de
        cinq fois!
            Au Canada, la situation est encore pire! 93% de la dette na-
        tionale de 562 milliards de dollars (en 2002) était attribuable aux
        intérêts composés: le montant original emprunté (39 milliards $)
        ne représente que 7% de la dette. Le reste, 523 milliards $, repré-
        sente ce qu’il en a coûté pour emprunter ce 39 milliards$!
            Selon la Coalition pour le Jubilé 2000, pour chaque dollar versé
        en aide aux pays pauvres, 8 dollars sont remboursés par ces mê-
        mes pays en intérêts.
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