Page 170 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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170   Leçon 13

                     Le capitalisme doit être corrigé
            Même si le marxisme s’est écroulé, cela ne signifie pas pour
        autant  le triomphe du capitalisme, car même après la chute du
        communisme, il existe encore des millions de pauvres et de situa-
        tions d’injustice sur la planète. Jean-Paul II écrit:
            «La  solution  marxiste  a  échoué,  mais  des  phénomènes  de
        marginalisation et d’exploitation demeurent dans le monde, spé-
        cialement dans le Tiers-Monde, de même que des phénomènes
        d’aliénation humaine, spécialement dans les pays les plus avan-
        cés, contre lesquels la voix de l’Église s’élève avec fermeté. Des
        foules importantes vivent encore dans des conditions de profonde
        misère matérielle et morale. Certes, la chute du système commu-
        niste élimine dans de nombreux pays un obstacle pour le traite-
        ment approprié et réaliste de ces problèmes, mais cela ne suffit
        pas à les résoudre.» (Centesimus annus, 42.)
            Par ailleurs, toujours dans son encyclique Centesimus annus,
        Jean-Paul II reconnaît aussi les mérites de la libre entreprise, de
        l’initiative privée et du profit: «Il semble que, à l’intérieur de cha-
        que pays comme dans les rapports internationaux, le marché libre
        soit l’instrument le plus approprié pour répartir les ressources et
        répondre efficacement aux besoins. Toutefois, cela ne vaut que
        pour les besoins ‘solvables’, parce que l’on dispose d’un pouvoir
        d’achat, et pour les ressources qui sont ‘vendables’, susceptibles
        d’être payées à un juste prix. Mais il y a de nombreux besoins hu-
        mains qui ne peuvent être satisfaits par le marché. C’est un strict
        devoir  de justice et de vérité  de faire  en sorte que les besoins
        humains fondamentaux ne restent pas insatisfaits et que ne péris-
        sent pas les hommes qui souffrent de ces carences.»
            Ce que l’Église reproche au capitalisme actuel n’est donc pas la
        propriété privée ni la libre entreprise. Au contraire, loin de souhai-
        ter la disparition de la propriété privée, l’Église souhaite plutôt sa
        diffusion la plus large possible pour tous, que tous soient proprié-
        taires d’un capital, soient réellement «capitalistes».
            «La dignité de la personne humaine exige normalement, com-
        me fondement naturel pour vivre, le droit à l’usage des biens de la
        terre; à ce droit correspond l’obligation fondamentale d’accorder
        une propriété privée autant que possible à tous.... (Il faut) mettre
        en branle une politique économique qui encourage et facilite une
        plus ample accession à la propriété  privée  des biens durables:
        une maison, une terre, un outillage artisanal, l’équipement d’une
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