Page 155 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Le Crédit Social n’est pas un parti politique  155

        pharaoniques d’administrateurs publics avides de renommée.
            Est-il possible d’obtenir de l’économie générale le respect de
        cette hiérarchie des besoins, sans une dictature qui planifie tout
        et qui impose les programmes de production et gère la répartition
        des produits?
            Certainement,  c’est possible, moyennant  un système finan-
        cier qui garantisse à chaque individu une part du crédit financier
        communautaire.  Une  part suffisante pour que l’individu  puisse
        commander lui-même à la production du pays de quoi satisfaire au
        moins ses besoins essentiels.
            Un tel système financier ne dicterait rien. La production pren-
        drait  ses programmes  des  commandes  venant  des  consomma-
        teurs, pour ce qui est des biens d’ordre privé; et elle les prendrait
        des commandes venant  des corps publics, pour ce qui est des
        biens d’ordre public. Le système financier servirait ainsi, d’une part,
        à exprimer les volontés des consommateurs; d’autre part, il serait
        au service des producteurs pour mobiliser la capacité de produc-
        tion du pays dans le sens des demandes ainsi exprimées.
            Pour cela, évidemment, il faut un système financier qui se plie
        au réel, et non pas qui le violente. Un système financier qui reflète
        les faits, et non pas qui les contredise. Un système financier qui
        distribue, et non pas qui rationne. Un système financier qui serve
        l’homme, et non pas qui l’avilisse.
            Un tel système financier est-il concevable?
            Oui. Les grandes lignes en ont été tracées par C. H. Douglas,
        le maître génie qui a présenté au monde ce qu’on appelle le Crédit
        Social (à ne pas confondre avec les prostitutions de partis politi-
        ques qui se parent de ce nom).
            Douglas a résumé en trois propositions les principes de base
        d’un système qui répondrait à ces fins et qui, par ailleurs, serait as-
        sez souple pour suivre l’économie dans tous ses développements,
        jusqu’à n’importe quel degré de mécanisation, de motorisation ou
        d’automatisation.
            Quelles sont ces trois propositions de Douglas?
            Douglas a énoncé publiquement ces trois propositions en trois
        circonstances: à Swanwick, en 1924; devant le Comité MacMillan,
        en mai 1930; dans une conférence prononcée à la salle Caxton, de
        Londres, en octobre 1930. Et il les a reproduites dans des écrits de
        lui, entre autres dans The Monopoly of Credit.
            La première de ces propositions a trait à la finance de la consom-
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