Page 158 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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        tion». C’est évidemment que les deux sont synonymes. A mesure
        que la production se fait, c’est une nouvelle production. De la nou-
        velle production pour entretenir le flot de production où s’approvi-
        sionne le consommateur.
            C’est donc à tort que certains ont interprété cette proposition
        comme s’appliquant seulement à une augmentation dans le volu-
        me de la production, ce qui n’est certainement pas le cas d’après le
        contexte des trois propositions.
            Douglas ajoute: «Et ces crédits ne seront rappelés que selon
        le rapport de la dépréciation générale à “l’appréciation”, à l’enri-
        chissement général.»
            Pourquoi financer ainsi la production avec des crédits nouveaux
        et non pas avec de l’épargne? — Parce que l’épargne provient d’ar-
        gent qui a été distribué en rapport avec de la production faite. Or
        tout cet argent est entré dans le prix de revient de la production
        faite. Si cet argent n’est pas employé pour acheter la production,
        l’écart entre les moyens d’achat et les prix augmentera.
            On peut objecter que l’épargne employée à financer un nou-
        veau flot de production, par investissement ou autrement, revient
        dans la circulation comme pouvoir d’achat. C’est vrai, mais c’est à
        titre de dépenses faites par le producteur, donc en créant un nou-
        veau prix. Or, la même somme d’argent ne peut pas servir à liqui-
        der à la fois le prix correspondant de l’ancienne production et le
        prix correspondant de la nouvelle production.
            Chaque fois que l’argent épargné revient ainsi à des consom-
        mateurs,  c’est  en  créant  un  nouveau  prix,  sans avoir  liquidé  un
        ancien prix laissé sans pouvoir d’achat correspondant lorsque cet
        argent devenait épargne.
            Et la troisième proposition financière de Douglas?
            La troisième proposition introduit un élément nouveau dans le
        pouvoir d’achat:  la  distribution d’un dividende  à tous, employés
        ou non dans la production. C’est donc un facteur de composition
        du pouvoir d’achat, qui ne laisse aucun individu sans moyens de
        paiement.
            C’est la reconnaissance du droit de tous à une part de la pro-
        duction, à seul titre de co-capitalis tes, de cohéritiers du plus gros
        facteur  de  la  production  moderne:  le  progrès  acquis,  grossi et
        transmis d’une génération à l’autre. A titre également de co-pro-
        priétaires des richesses naturelles, don gratuit de Dieu.
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