Page 150 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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150 Leçon 12
Or, Douglas déclarait, dans une conférence
à Newcastle-upon-Tyne, le 19 mars 1937, qu’il
existe en Angleterre deux principaux obstacles
à une démocratie authentique, et le premier de
ces obstacles, c’est le système de partis.
Il en est de même au Canada, et la solution
ne consiste pas à nourrir le système de partis,
mais à l’affaiblir. Rendre les partis existants
inoffensifs, non pas en faisant une autre coupu-
re dans le peuple, mais au contraire en unissant Clifford Hugh
les citoyens, tous les citoyens, sans distinction Douglas
de partis, pour exprimer leur volonté commune à leurs élus, quels
que soient ces élus et leur couleur politique. Mettre l’accent sur ce
qui se fait entre les élections, quand se tisse le sort des citoyens,
plus que lors des élections quand se joue le sort des politiciens.
Unir les citoyens. Pour cela, commencer par les faire prendre
conscience qu’ils veulent tous les mêmes choses fondamentales;
puis les convaincre qu’en insistant de concert pour obtenir ce que
tous veulent ainsi, ils l’obtiendraient infailliblement.
C’est encore le Major Douglas qui, en une autre occasion, à
Liverpool, le 30 octobre 1936, disait:
«La souveraineté du peuple, c’est-à-dire son aptitude effec-
tive à donner des ordres, croîtrait avec son unanimité; et si tout
le peuple demandait le même résultat, il n’y aurait aucune possi-
bilité de partis, et il serait également impossible de résister à sa
demande.»
Voilà bien, il nous semble, une ligne de conduite toute tracée.
Ligne de conduite parfaitement en accord avec le bon sens même.
Vous ne pourrez jamais mettre tout le monde d’accord autour
d’une boîte électorale. Mais vous pouvez mettre passablement tout
le monde d’accord sur les résultats à réclamer de la politique, si
vous avez soin de les présenter dans l’ordre de leur universalité et
de leur urgence: la sécurité économique, une suffisance de biens
aujourd’hui et garantie pour demain, la liberté de chacun à choisir
son occupation et son mode de vie. Tout le monde veut ces cho-
ses-là; et, comme le remarque Douglas, même ceux qui ne s’en
soucient pas pour les autres les veulent pour eux-mêmes.
Pourquoi donc centraliser l’attention et tourner les activités
vers la boîte électorale, vers la chose qui désunit, au lieu de s’appli-
quer à unir effectivement tout le monde autour de demandes sur
lesquelles tout le monde peut être d’accord?