Page 151 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Le Crédit Social n’est pas un parti politique 151
Jamais une réforme importante n’a été obtenue par la formation
d’un nouveau parti politique. La plupart du temps, le parti établi en
vue d’une réforme majeure meurt faute de succès électoral; et si,
par hasard, il arrive au pouvoir, il trouve assez d’obstacles, devant
lesquels il finit par s’immobiliser et n’avoir plus d’autre objectif que
de rester au pouvoir sans rien faire de plus que les partis tradition-
nels. Pour vaincre les obstacles, il lui manquait une force: celle d’un
peuple suffisamment éclairé et suffisamment formé, politiquement.
D’ailleurs, une réforme ne peut pas naître d’une élection. Elle
provient, de façon naturelle et démocratique, de la maturation
d’une idée -force bien cultivée; de son acceptation, de sa demande
par un nombre suffisant d’esprits pour créer une volonté générale,
exprimée sans être liée aux aléas de résultats électoraux.
Le Crédit Social entrera dans la législation du pays quand il sera
devenu l’objet d’une demande générale, tellement affirmée que
tous les partis politiques l’accueilleront dans leur programme. Le
séquestrer dans un parti politique, c’est lier son sort au sort électo-
ral de ce parti. Et ça peut signifier recul au lieu d’avance.
Une idée nouvelle se diffuse par la propagande, elle s’enracine
par l’étude. Plus elle est neuve et de vaste portée, plus son expan-
sion et son implantation demandent d’efforts, de temps aussi ordi-
nairement, de ténacité toujours. La cause qui la porte a bien plus
besoin d’apôtres que de députés.
Les promoteurs de partis nouveaux jugent sans doute que
l’éducation politique du peuple prendrait trop de temps, si toute-
fois ils se sont arrêtés à cette pensée. Un bon vote leur paraît une
méthode plus normale et surtout plus rapide. Résultat: des pier-
res tombales, que ne visitent même plus ceux qui patronnaient ces
partis défunts. Nombre de ces messieurs se sont gentiment casés
depuis sous les ailes de partis traditionnels qu’ils avaient pourtant
élo quemment dénoncés.
Monter la force du peuple, pour que son poids sur les gouver-
nements dépasse la force des puissances financières. Ce n’est pas
dans un parlement que l’on monte la force du peuple. C’est là où
le peuple est — en dehors des parlements. Et c’est là la place d’un
véritable mouvement créditiste.
Douglas et l’électoralisme
Le Social Credit Secretariat, organisme fondé par le major
Douglas lui-même, vient de rééditer une conférence donnée par le
fondateur du Crédit Social, le 7 mars 1936. Ce jour-là, Douglas ne