Page 154 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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154   Leçon 12

            Le crédit financier tire sa valeur du «crédit réel». C’est-à-dire
        de la capacité de production du pays. Le dollar, de n’importe quel-
        le forme, n’a de valeur que parce que la production du pays peut
        fournir des produits pour y répondre. On peut bien appeler cette
        capacité de produire «crédit réel», parce que c’est un facteur réel de
        confiance. C’est le crédit réel d’un pays, sa capacité de production,
        qui fait qu’on a confiance de pouvoir vivre dans ce pays.
            A qui appartient ce «crédit réel»?
            C’est un bien de la société. Sans doute que des capacités indivi-
        duelles et des capacités de groupes de toutes sortes y contribuent.
        Mais sans l’existence de richesses naturelles, qui sont un don de
        la Providence et non pas le résultat d’une compétence individuelle,
        sans l’existence d’une société organisée qui permet la division du
        travail, sans des services publics comme les écoles, les routes, les
        moyens de transport, etc., la capacité globale de production serait
        beaucoup plus faible, très faible même.
            C’est pourquoi l’on parle de production nationale, d’économie
        nationale, ce qui ne veut nullement dire production étatisée. C’est
        dans cette capacité globale de production que le citoyen, que cha-
        que  citoyen  doit pouvoir trouver  une  base  de  confiance pour la
        satisfaction de ses besoins matériels. Pie XII disait dans son mes-
        sage de Pentecôte 1941:
            «L’économie nationale,  fruit d’activités  d’hommes qui tra-
        vaillent unis dans la communauté nationale, ne tend pas à autre
        chose  qu’à assurer sans interruption  les conditions matérielles
        dans lesquelles pourra se développer  pleinement la vie indivi-
        duelle des citoyens.»
            A qui appartient le «crédit financier»?
            A sa source, le crédit financier appartient à la collectivité, au
        même titre que le crédit réel d’où il tire sa valeur. C’est un bien com-
        munautaire dont doivent bénéficier, d’une manière ou de l’autre,
        tous les membres de la communauté.
            Comme le «crédit réel», le crédit financier est par sa nature
        même un crédit social.
            L’utilisation de ce bien communautaire ne doit pas être sou-
        mise à des conditions qui entravent la capacité de production, ni qui
        détournent la production de sa fin propre qui est de servir les besoins
        humains: besoins d’ordre privé et besoins d’ordre public, dans l’ordre
        de leur urgence. Satisfaction des besoins essentiels de tous, avant les
        demandes de luxe de quelques-uns; avant aussi le faste et les projets
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