Page 152 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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152 Leçon 12
parlait pas à un public quelconque, mais à des créditistes.
Dans cette conférence, Douglas recommande la politique de
pression et condamne vigoureusement la méthode parti politique,
surtout celle d’un parti «du Crédit Social». Il condamne cette mé-
thode, non seulement parce qu’elle est d’avance vouée à l’échec,
mais parce que c’est lier la belle chose qu’est le Crédit Social à une
politique de boîte électorale. Douglas va jusqu’à dire:
«Si vous élisez un parti du Crédit Social, en supposant que
vous en soyez capables, je puis vous dire que je considérerais
l’élection d’un parti créditiste au pouvoir en ce pays comme une
des plus grandes catastrophes qui puisse arriver.»
La fonction propre d’un député, expliquait Douglas, c’est de
recevoir et transmettre au gouvernement l’expression de la volonté
légitime de ses électeurs. La fonction propre d’un gouvernement,
c’est d’accueillir cette demande et de donner aux experts l’ordre
d’y faire suite (aux experts, donc aux financiers pour la finance).
Non pas dire à ces experts comment s’y prendre, mais leur dési-
gner le résultat à obtenir et exiger ce résultat.
Et le rôle du peuple, lui, c’est de prendre conscience des ob-
jectifs qu’il veut communément et d’exprimer cette volonté à ses
représentants. C’est là que ça doit commencer, de là que ça doit
partir, chez les électeurs. Donc, au lieu de placer l’importance sur
l’élu, la placer sur les électeurs.
Selon les mots de Douglas: «Si vous admettez que le but, en
envoyant des représentants au parlement, est d’obtenir ce que
vous voulez, pourquoi élire une catégorie spéciale d’hommes, un
parti spécial plutôt qu’un autre? Les hommes qui sont là sont ca-
pables de passer vos commandes — c’est là leur rôle. Ce n’est pas
leur rôle de dire comment cela sera obtenu. Le “comment” doit
être laissé aux experts.»
C’est le «quoi» qui doit être signifié aux experts, et ce quoi doit
procéder d’abord des citoyens eux-mêmes.
L’électoralisme a perverti le sens de la démocratie. Les partis
politiques ne sont bons qu’à diviser le peuple, affaiblir sa force et
le conduire à des déceptions. Y ajouter un parti nouveau ne peut
qu’ajouter une autre déception sous un autre nom. Déception
encore plus funeste si l’aventure traîne avec elle le vocable d’une
cause excellente comme celle du Crédit Social.
(Le texte suivant est tiré de la brochure de Louis Even «Une
finance saine et efficace»)