Page 88 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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86    13. Techniciens oui. Technocrates non

            La plus grande association dans l’ordre civil, c’est bien la socié-
        té, disons la province ou la nation. Si elle est bien ordonnée, elle
        bénéficie à tous ses membres, à tous les citoyens. Mais elle pèche
        dans la mesure où elle en laisse dépourvus des avantages de la vie
        en société. Car la vie en société procure de grands avantages.

                              En économique
            Sans la vie en société, si chacun devait voir isolément à pro-
        duire les biens réclamés par ses besoins, la production totale serait
        très petite comparée à ce qu’elle est grâce à la vie en société. Sans
        la vie en société, en effet, sans un ordre social établi, sans les biens
        d’ordre public, il n’y aurait ni écoles, ni universités, ni laboratoires
        de recherches. Les inventions isolées ne seraient ni répandues ni
        transmises d’une génération à l’autre. La science appliquée serait
        inexistante. Le progrès matériel serait nul ou à peu près. Les gran-
        des richesses naturelles resteraient aussi inexploitées que dans les
        économies primitives.
            C’est-à-dire que de beaucoup la plus grande partie de la pro-
        duction moderne est due à la vie en société ordonnée. C’est un en-
        richissement dû à l’association dont tous les membres, donc tous
        et chacun des citoyens, doivent obtenir une part.
            Voilà ce qu’enseigne le Crédit Social en matière économique.
        D’où sa technique du dividende à tous et du prix ajusté pour assu-
        rer à tous et à chacun une part de cet enrichissement qui provient
        de la vie en société.
            Cela ne va en rien contre la propriété personnelle de moyens
        de  production,  en  rien  contre  l’entreprise  privée  qui  est  encore,
        comme l’expérience le prouve, le meilleur moyen de réussir une
        production abondante. Mais justement la propriété privée, l’entre-
        prise privée, n’a pas pour unique but d’enrichir l’entrepreneur. Elle
        a aussi une fonction sociale à remplir. Elle doit répondre au plan
        de Dieu qui veut que les richesses de la terre profitent à tous les
        hommes. C’est exprimé par le grand  principe de la destination
        commune de tous les biens terrestres. Principe aussi sacré que la
        propriété privée.
            D’ailleurs l’entrepreneur, privé ou associé à d’autres, utilise des
        biens et des moyens qui ne sont pas le fruit de son travail per-
        sonnel, telles les richesses naturelles créées par Dieu et non pas
        par l’entrepreneur, tel encore le progrès dont nous parlions tout à
        l’heure, fruit de découvertes, d’inventions, de savoir-faire acquis et
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