Page 73 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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10. L’argent, un titre aux produits        71

        poche. Vous faites un chèque. Celui qui reçoit votre chèque peut
        le déposer à sa propre banque. Qu’arrivera-t-il? Votre compte sera
        diminué, et le sien sera augmenté. Il n’y aura eu besoin ni d’or, ni
        d’argent blanc, ni de nickel, ni de dollars en papier; rien qu’une ad-
        dition dans un compte et une soustraction dans un autre compte, et
        c’est aussi bon. C’est avec cela que marchent les grosses affaires.
        C’est avec cela qu’on a financé la guerre.
            Mais, direz-vous, pour avoir un compte de banque, il faut épar-
        gner et déposer. C’est une méthode. Mais il y en a une autre, celle
        des emprunts.
            Supposons que je sois  un gros industriel. Je veux agrandir
        mon usine. Il me faudrait tout de suite $100,000. Je vais à la ban-
        que. Je m’arrange avec le gérant pour un emprunt de $100,000. Il
        me demande des garanties, évidemment. Mais je n’apporte pas un
        sou à la banque. Le gérant me signe un papier. Je vais au caissier.
        Je dépose ce papier. Le caissier ouvre son livre, à mon compte,
        et il inscrit à mon crédit $100,000. Je sors de la banque avec un
        compte de $100,000, sur lequel je pourrai tirer des chèques au fur
        et à mesure que j’aurai des paiements à faire.
            Voyez-vous? Je n’ai pas fait ce compte-là moi-même par la mé-
        thode des épargnants. Sans apporter un sou à la banque, je sors
        quand même avec un compte de $100,000, tout comme si j’avais
        apporté et déposé cette somme. Ce qui est remarquable encore
        là-dedans, c’est que, pour me prêter cet argent-là, le banquier n’a
        pas sorti un sou de son tiroir; et il n’a pas diminué d’un seul sou le
        compte d’un seul autre client.
            Tout le monde en a autant qu’auparavant, et moi j’ai $100,000
        de plus. Un beau $100,000 enlevé à personne, sorti de nulle part, et
        maintenant dans mon compte. C’est un $100,000 d’argent tout neuf,
        tout en chiffres, mais aussi bon que de l’or pour payer n’importe
        quoi. Ce $100,000 a été fabriqué par le banquier, avec sa plume et
        une goutte d’encre, après qu’il a consenti à le faire. Une décision,
        un peu d’encre, et c’est tout. C’est là la fabrication de l’argent mo-
        derne; et seule la banque fait cela. Le gouvernement, qui manque
        toujours d’argent, ne fait pas cela; il est inférieur au banquier.
            Évidemment,  j’aurai  à  rembourser  le  $100,000  au  ban-
        quier; même un peu plus à cause de l’intérêt. Quand je rem-
        bourserai,  j’aurai  retiré  l’argent  de  la  circulation;  le  fonds  total
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