Page 63 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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8. Argent perverti      61

            Un dieu de puissance redoutable. Et aussi un dieu de désordre,
        de divisions, de discorde, de conflits. Qu’est-ce qui dresse les uns
        contre les autres, patrons et employés, marchands et acheteurs,
        propriétaires et locataires? Qu’est-ce qui crée des chicanes entre
        époux? Qu’est-ce qui disperse les membres des familles parce que
        le foyer n’est qu’un taudis ou qu’une couple de chambres? Qu’est-
        ce  qui  fait  le  sujet  des  quatre  cinquièmes  des  procès  dans  nos
        cours de justice?
            Eh bien, c’est ce dieu tyrannique, cette domination de l’argent
        sur nos vies, tant dans l’ordre privé que dans l’ordre public, que
        les créditistes veulent renverser. Non pas supprimer le système
        d’argent, mais le ramener à son rôle, à sa fonction propre qui est
        de servir et non pas d’opprimer.
            Comme toutes les idoles, ce dieu dont nous venons de signa-
        ler la puissance, n’est qu’une création artificielle, faite de main
        d’homme. Son caractère artificiel a été démontré à la face de l’uni-
        vers dans tous les pays civilisés, par le miracle de septembre 1939.
                           De l’argent pour tuer

            Quel miracle? Le miracle de l’argent sortant du néant, par mil-
        lions, par centaines de millions, après dix années où l’on manquait
        d’argent partout. Et sous quelle baguette magique? Sous le coup
        de la déclaration de guerre. Puis, pas une seule fois pendant les six
        années de guerre, dans aucun pays en guerre, on n’a entendu une
        seule fois un gouvernement dire: «On va être obligé d’arrêter cette
        guerre faute d’argent.» Non ! Seuls comptaient les hommes et le
        matériel.
            Les chômeurs, que la veille encore on envoyait crever dans leur
        misère, on allait maintenant les chercher pour en faire des soldats
        ou des producteurs de munitions. Et les millions, les milliards pour
        payer venaient aussi vite que le flot de tueurs et que la capacité de
        produire pour la tuerie.

            Venir, après cela, nous parler de problème d’argent quand il n’y
        a pas de problème de produits, est une farce que seuls des gogos
        peuvent gober. Si l’argent a pu venir aussi vite pour le gouver-
        nement, consommateur de guerre, l’argent peut également venir
        aussi vite pour les individus, consommateurs de paix. Il n’y a là
        aucune difficulté technique. C’est une affaire de décision.
            Les créditistes se lèvent et appellent tous les patriotes à se le-
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