Page 58 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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56     7. L’automation

        incoercible du progrès dans les moyens et les procédés de produc-
        tion.  Tous les faits le démontrent d’ailleurs.
                L’automation remplace la main d’oeuvre
            On a beau raccourcir la période de vie active par les deux bouts,
        en prolongeant la scolarité d’une part, en abaissant l’âge de mise à
        la retraite d’autre part; on a beau diminuer les heures d’ouvrage de
        chaque semaine et augmenter le nombre de semaines de vacances
        payées; on a beau lancer des programmes de production aucu-
        nement nécessités par les besoins normaux des personnes et des
        familles; on a beau susciter et promouvoir à coups de propagande
        des besoins factices nouveaux; on a beau maintenir des hommes
        valides sous les armes et d’autres dans la production d’armements;
        on a beau multiplier le nombre de fonctionnaires, de bureaucrates,
        d’inspecteurs et autres parasites qui ensablent les rouages de la
        production; des compagnies ont beau garder, par sentiment d’hu-
        manité, des employés dont elles n’ont nullement besoin: il reste
        encore des chômeurs. Et, de plus en plus, l’automation, que des
        imbéciles voudraient entraver, fait des pieds-de-nez à la politique
        du plein emploi.
              La politique de plein emploi, une perversion
            Mais, la politique de plein-emploi n’est pas seulement irréa-
        lisable, c’est aussi une perversion.  Une perversion parce qu’elle
        conduit au but contraire à celui qu’elle prétend;  elle prétend per-
        mettre ainsi une plus grande prospérité à tous en distribuant plus
        de produits à tous. Mais pour pouvoir distribuer plus de produits à
        tous, la première condition c’est l’existence de ces produits.  Plus il
        y en a, plus il est possible d’en distribuer.  Or, l’abondance ne vient
        pas du plein-emploi des hommes mais plutôt de l’introduction de
        machines qui déplacent les hommes.
            Considérez, par exemple d’une part, deux hommes sans autres
        outils que des scies à main, débitant des grumes pour en faire des
        planches de 8 pouces de largeur  par douze pieds de longueur;
        d’autre  part,  deux  autres  hommes,  de  même  force physique  et
        aussi laborieux que les premiers, faisant le même travail dans un
        moulin à scie mécanisé et motorisé;  après huit heures d’ouvrage,
        comparez la quantité de planches obtenues par chacun des deux
        groupes.  Le deuxième n’a pas travaillé plus dur, même avec moins
        de fatigue sans doute,  et  pourtant  son rendement  est au moins
        trente fois celui du premier.
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